Dongelberg – Ans – Liège : que sont devenus ces anciens sites ?

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Dongelberg Ans Liège
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En 2023, nous avons entamé une série d’articles évoquant d’anciens lieux de travail et de vie de la SWDE. Cette série a trouvé un prolongement dans O’Mag et, à ce jour, le destin de plusieurs de ces sites n’a été évoqué que dans notre magazine papier. Comme nous sommes conscients que tout le monde n’est pas un lecteur assidu du O’Mag, nous avons décidé de proposer ces contenus sur nous.swde. Embarquement immédiat dans la DeLorean SWDE et réalisons un saut de puce au départ du Brabant wallon jusqu’en terres liégeoises …

Vous pouvez (re)voir tous les précédents articles de cette série en cliquant sur ce le bouton ci-dessous. ⤵️

Les anciens bâtiments de la SWDE

Dongelberg – rue des Carrières

Nous voici partis pour une incursion dans le Brabant wallon. Coincé entre deux plans d’eau de carrière, le site de Dongelberg est l’un de ces vestiges industriels qui illustre ce qu’était alors la Belgique « de papa ». L’eau d’exhaure de cette ancienne carrière de quartz a été utilisée comme ressource d’eau potable à partir de 1978 par la SNDE, la Société Nationale de Distribution d’Eau, l’ancêtre de la SWDE d’avant la régionalisation.

Jean-Paul, l’ancien chef du secteur de Dongelberg aujourd’hui retraité, et père de deux collègues toujours actifs évoque cette époque à jamais révolue :

« J’ai commencé ma carrière à la SNDE en 1969, comme dessinateur au bureau d’études de Leuven, de l’autre côté de la frontière linguistique. Mon père y travaillait déjà et je terminais alors mes études A2 en mécanique. À l’époque, francophones et néerlandophones cohabitaient en toute bonne entente. Chacun gérait ses abonnés ».

Scission de la SNDE et régionalisation des compétences du secteur de l’eau obligent, les francophones quittent les bureaux de Leuven en 1986 pour rallier ceux de de Wavre nouvellement créés. Le site de Dongelberg est quant à lui scindé en deux sous un statut d’indivision. L’aspect pompage et production demeurent dans le giron flamand (à la VMW) tandis que l’exploitation du réseau de distribution est rattachée au centre de Wavre. « Nous avions installé nos quartiers techniques dans l’ancien bâtiment qui servait à la pesée des camions qui venaient s’approvisionner à la carrière. Les équipes flamandes travaillaient juste en face, à quelques dizaines de mètres de nos installations ».

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Les fontainiers du secteur de Dongelberg ont été hébergés dans ce local qui servait à peser les camions de la carrière.


Nous avions gardé d’excellents contacts avec nos collègues flamands. Quand il fallait effectuer des travaux qui nécessitaient la mise à l’arrêt de la station de pompage, un simple coup de fil suffisait.

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Jean-Paul, Ex-chef du secteur de Dongelberg

Quand la situation d’indivision prend fin, toutes les installations du site sont reprises par la SWDE. En 2011, les équipes (26 hommes) quittent définitivement Dongelberg pour rejoindre des installations flambant neuves à Jodoigne. Depuis, le pompage a définitivement été mis à l’arrêt. Il a été jugé trop peu rentable. Quant au plan d’eau de la carrière, longtemps utilisé par un centre de plongée, il est interdit d’accès, à la suite de quatre accidents mortels survenus depuis 2019.

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La station de pompage mise en service en 1978 est aujourd’hui à l’arrêt.
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Depuis le 7 mars 2024, toute activité de plongée est interdite dans la carrière.

Ans – rue de la Ferme

Cap sur la province de Liège que nous ne quitterons plus jusqu’à la fin de notre périple. Situé à un saut de puce du réseau autoroutier liégeois, notre ancien CAT d’Ans a toujours bonne mine.

Construit au début des années 70 dans un petit zoning industriel, le site regroupait sous un même toit les équipes de la distribution, les techniciens de la production, quelques agents administratifs, les magasiniers et les mécaniciens chargés de l’entretien des véhicules.

« Les bureaux, le réfectoire, le vestiaire et le magasin se trouvaient sur la droite, tandis que le hangar et le garage étaient situés dans le bâtiment de gauche, explique Alain, contremaître Maintenance à Villers-le-Bouillet pensionné depuis quelques mois. Ce site très bien conçu possédait tout le confort dont nous avions besoin, avec vestiaire et douches chaudes. Il pouvait accueillir une bonne cinquantaine de personnes, mais nous n’étions pas tous sur place en permanence.

Personnellement, j’ai commencé ma carrière en tant que terrassier « à la Ferme » (c’est ainsi que les habitués du lieu dénommaient l’ancien secteur – ndlr). C’était en 1982. Deux ans plus tard, je suis devenu fontainier de réseau. J’ai complètement changé de rythme de travail. Comme j’étais responsable d’une zone bien délimitée autour de Ans, je travaillais à partir de chez moi. Je ne me rendais finalement sur le site de la Ferme que quand c’était nécessaire, pour prendre du matériel ou assister à une réunion avec mon chef ».

À l’époque, le domicile des fontainiers était considéré comme une résidence administrative. Ils disposaient d’un véhicule, d’un téléphone fixe payé par la SWDE et organisaient leurs tournées en fonction des besoins du moment.

Mon domicile était mon quartier général et c’est mon épouse qui se chargeait des contacts quand j’étais à l’extérieur. Comme nous n’avions pas encore de téléphone portable, elle prenait tous les messages et m’en faisait part à mon retour.

Alain
Alain, Ex-Contremaître Maintenance

« Mon chef me faisait entièrement confiance. Il me fixait des objectifs de travail avec des délais. Je mettais tout en œuvre pour les respecter. Pour tout dire, sa phrase favorite se résumait à : Tant que l’eau coule et que les clients sont contents, je n’ai rien à redire ! ».

Hier et aujourd’hui sur Google Street View

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Les plus vieilles images de Google Street View remontent à 2009. Voici à quoi ressemblait le bâtiment quand le CAT de Ans a quitté les lieux quelques années plus tôt.
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en 2023 – la nouvelle entreprise occupant le site a réalisé un petit lifting de façade.


Liège – rue Dartois

Notre tour de la Wallonie nous amène jusqu’au cœur de la Cité ardente. Les plus anciens s’en souviennent : dans les années 90, l’organisation structurelle de la SWDE reposait sur quatre directions régionales (DR) : Mons, Charleroi, Namur et Liège. Ces quatre DR regroupaient plus particulièrement les services administratifs et commerciaux À cette époque, la DR liégeoise avait établi ses quartiers dans un immeuble à étages situé à la croisée des rues Dartois et des Guillemins, en plein centre-ville.

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L’immeuble qui a abrité les services de l’ancienne DR de Liège, tel qu’il est aujourd’hui.

« Le rez-de-chaussée était occupé par une banque et que le 8ème étage abritait l’appartement de fonction de notre concierge, se souvient Jean-Marc du service chargé de la gestion de la flotte des véhicules à Verviers.

Nos services occupaient les deux premiers étages de cet immeuble qui avaient la particularité d’être, à l’origine, des appartements d’habitation. Les bureaux étaient installés dans les séjours, les salles à manger et les chambres. Les cuisines avaient été démontées et les salles de bain servaient d’espaces de stockage et de locaux à archives. Il n’était dès lors pas rare de devoir aller rechercher des documents dans une baignoire.

« Il faut bien reconnaitre que le confort était aléatoire étant donné que nous étions installés un peu à l’étroit, dans des pièces équipées de fenêtres à simple vitrage – donc mal isolées - qu’on ne pouvait pas ouvrir en été à cause du bruit et de la pollution. Mais l’ambiance était formidable … Nous étions toujours un peu les uns sur les autres. Inutile de dire que tout le monde se connaissait par la force des choses ».

Nous nous retrouvions tous les jours au réfectoire à la pause de 10 heures et à midi. La direction n’avait pas besoin d’organiser des réunions puisqu’elle nous y rejoignait chaque jour.

Jean-Marc
Jean-Marc, Employé au Fleet

À l’époque, les employés avaient le choix entre deux modes de transports pour rallier la DR : le train et la voiture. « Ceux qui optaient pour le rail étaient plutôt vernis, car la gare des Guillemins se situait à 5 minutes à pied. Pour les automobilistes, c’était une autre paire de manches. Comme nous commencions à 8 heures, nous devions faire des va-et-vient dans le quartier et nous glisser dans une place sitôt qu’un riverain en libérait une pour filer au travail ».

Et vous, avez-vous connu ces bâtiments ? Vos histoires nous intéressent 😊