GePaMe : un an après, où en est-on ?
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Un an après le lancement de GePaMe, qu'est-ce qui a changé ? Joue-t-il bien son rôle d’aide à la décision ou tend-il à être le principal axe de décision ? Qu’en pensent les principaux concernés ? On fait le point.
Flashback rapide : Fin 2023, un nouvel outil fait son entrée à la SWDE : il s’agit de GePaMe, pour "Gestion Patrimoniale Multi-Echelles". Concrètement, c’est un outil qui aide à choisir quelles conduites d’eau remplacer en priorité, en se basant sur des données (historiques, casses, matériaux, qualité de l’eau, etc.). Il a été intégré à notre SIG et enrichi d’un tableau d’aide à la décision. L’objectif : faire des choix plus cohérents, mieux planifiés, et plus justifiables.
Ce qui fonctionne bien
1. Des décisions plus justes et mieux structurées
Avec GePaMe, les choix de renouvellement reposent désormais sur des données consolidées plutôt que sur de simples impressions ou urgences perçues. On sait où ça casse, où ça peut casser, pourquoi, et où agir d’abord.
Cet outil m’a permis d’avoir une base objective pour le remplacement des conduites. Cela permet de justifier un investissement ou non sur une base « scientifique » plutôt que sur les avis subjectifs des uns et des autres.

Cette hiérarchisation aide les ingénieurs à justifier leurs décisions, qui reposent désormais sur des données consolidées plutôt que sur de simples impressions ou urgences perçues. On sait où ça casse, où ça peut casser, pourquoi, et où agir d’abord.
2. Un cadre de décision partagé
Fin 2024, l’outil s’est enrichi d’une matrice d’aide à la décision : elle oriente les choix de manière plus homogène à l’échelle de l’entreprise. Les conduites en rouge sont quasi systématiquement proposées pour travaux. « Cela a l’avantage d’apporter une cohérence et une justification aux décisions, mais peut aussi réduire la flexibilité sur certains cas particuliers. », explique Gottfried, ingénieur maintenance Aye-Bertrix. Par ailleurs, nous le verrons plus tard dans cet article, cette « matrice de décision a tendance à réduire l’analyse critique de la composante humaine. », précise Antoine, ingénieur maintenance Namur-Dinant.
3. Des données centralisées
GePaMe facilite le travail des ingénieurs maintenance en centralisant et en offrant une visualisation des informations. Auparavant, chaque zone fonctionnait avec ses propres fichiers et sa propre logique/connaissance du réseau. Difficile d’avoir une vue plus générale…
Avant, on encodait chaque tronçon et ses caractéristiques manuellement dans un fichier Excel. Cela nous permettait d’établir ensuite une cotation.

4. Un outil évolutif, prêt pour le long terme
Le projet ne s’arrête pas là. Il s’inscrit dans une vision long terme, pour anticiper des enjeux majeurs comme :
- Le pic de renouvellement prévu vers 2050 ;
- L’intégration de l’analyse de risques ;
- Une réflexion sur les attentes de performance du réseau.
La question à laquelle il faut répondre aujourd’hui, c’est : « Qu’est-ce qu’on attend comme performance de notre réseau ? ». Sur base de la réponse on pourra se fixer des seuils à atteindre d’ici 2050 et avoir une vue précise des investissements à réaliser.

Ce qu’il reste à améliorer / à surveiller
GePaMe reste un outil d’aide, pas un outil de décision automatique. Plusieurs ingénieurs s’inquiètent de la perte d’esprit critique. « À l’origine, GePaMe était présenté comme un support à la décision, et dans l’ensemble, il joue bien ce rôle. Mais dans la pratique, on constate qu’il devient souvent l’élément central qui guide les choix. », explique Gottfried.
On nous demande d’abord de suivre les scores. Si on veut y déroger, il faut justifier. Le programme propose, l’humain dispose, mais il doit prouver. Là où l’on gagne du temps, on le perd à devoir justifier certains choix.

Il faut garder une marge d’adaptation pour éviter que l’outil ne devienne une boîte noire qui décide à notre place.

« Pour répondre à cette problématique, si rien n’est encore concret à l’heure actuelle, il serait intéressant de pouvoir collecter les besoins en renouvellement de chaque ingénieur ainsi que leurs suggestions de renouvellements, avant la mise à jour annuelle des scores. Cela permettrait de remonter certaines conduites en haut du classement, selon certaines conditions. C’est une réflexion à partager avec l’Investissement et la Maintenance. », répond Nicolas.
2. Les scores ne sont pas toujours compris ou adaptés
Dans sa conception, Gepame prévoit deux cotations : Performance et opportunité. « Gepame est un très bon outil pour évaluer la criticité de nos conduites mais il ne prend pas assez en compte le risque lié à une intervention tierce. La cotation "opportunité" ne reflète pas toujours les vraies opportunités de terrain, notamment quand il s’agit de travaux extérieurs (ex. : commune qui refait une voirie). », explique Antoine.
Cette année, l’objectif est de ne plus se limiter à la consultation des scores mais d’utiliser la hiérarchie des scores proposée et consulter ensuite l’avis du terrain, l’expérience des ingénieurs, les contraintes avec communes, etc.

3. La qualité des données
Même si les choses progressent, le SIG n’est pas toujours à jour. Des fuites apparaissent parfois encore sur des conduites déjà remplacées, ce qui crée de la confusion dans les lectures.
La donnée n’est pas toujours précise. Elle nécessite encore d’être fiabilisée et le retour d’informations doit être optimisé. C’est dans ce cadre que des projets comme « Collecte des données » ont toute leur importance.

4. Penser au-delà de la conduite
Aujourd’hui, GePaMe raisonne conduite par conduite. Mais dans la réalité, les équipes travaillent souvent par tronçons ou par zones.
On réfléchit à aller plus loin pour que l’outil ait une logique un plus « chantier », pas juste « conduite », et propose aussi des blocs de chantier cohérents.

Un outil structurant, en évolution constante
Un an après son lancement, GePaMe s’impose comme un outil incontournable : il structure les choix, clarifie les priorités, et encourage une meilleure qualité de données. Il ne fait pas tout, mais il donne de la méthode. À condition de continuer à former, écouter, alimenter, adapter… et garder l’humain dans la boucle. Tous semblent raccords sur le fait que GePaMe est et restera un outil. La balance entre les + et les – est assez équilibrée et suggère une évolution constante de celui-ci. Reste à voir s’il pourra rapidement répondre aux besoins des principaux concernés.