Catastrophe de Ghislenghien : ces collègues y étaient
- Catégorie
- Nos à-côtés
- Temps de lecture
- 3 min de lecture

Scannez ce QR code pour lire l’article sur votre téléphone.
Il y a 20 ans, le pays était secoué par la catastrophe de Ghislenghien. Une violente explosion, ressentie à plusieurs kilomètres à la ronde, se produit sur un gazoduc reliant Zeebrugge à la frontière franco-belge faisant 24 victimes et 132 blessés. À quelques minutes de là, à Ath et Soignies, les sirènes retentissent…
Le 30 juillet 2004 reste gravé dans les mémoires collectives comme l'un des jours les plus sombres du Royaume. À Ghislenghien, près de Ath, une fuite de gaz naturel sur un chantier de construction déclenche une explosion dévastatrice. De nombreux pompiers-volontaires, dont plusieurs de nos collègues, sont appelés en renfort des unités déjà déployées.
« Cela fait déjà vingt ans »
À Ath, la sirène placée au-dessus de l’église Saint-Julien retentit dès les premières émanations de gaz. Pompier volontaire depuis une bonne dizaine d’année à l’époque et fontainier à Ath, Frédéric répond à l’appel et s’élance vers la caserne.
Quand la sirène retentissait tous les riverains savaient que les pompiers allaient débarquer à toute vitesse. Nous nous dirigions à pleine allure vers la caserne et on montait dans le camion.

« Le temps d’arriver à la caserne, le premier camion était déjà parti. On m’avait chargé de prendre de la rubalise et de les rejoindre. Le temps que je récupère le matériel et que je monte dans ma voiture, l’explosion a eu lieu. Le sol a tremblé. Cela fait déjà vingt ans... », raconte Frédéric.
Et le sol tremble
« Mon beau-père était dans le premier camion en partance de Ath. Je les suivais de quelques minutes quand l’explosion s’est produite. J’ai immédiatement fait demi-tour et on a embarqué sur un autre camion, direction Ghislenghien. Ce que je ne savais pas à ce moment-là, c’était que l’équipe de mon beau-père était déjà sur place au moment de l’explosion. Il a été gravement brûlé et en garde aujourd’hui de lourdes séquelles. », continue Frédéric.
Il fallait des volontaires pour y aller car une seconde conduite menaçait d’exploser, on devait l’arroser mais nous n’avions aucune certitude que celle-ci n’exploserait pas aussi.

En renfort
Yves et Noël travaillent ensemble depuis près de 40 ans. Le premier, issu d’une famille de pompiers, a embarqué l’autre dans l’aventure des pompiers volontaires. S’ils en ont vu de toutes les couleurs, cette expérience garde évidemment une place toute particulière dans leurs mémoires.
« À Soignies, on entendait le gaz qui sifflait d’où nous étions. Nous avons été appelés immédiatement après l’explosion. À ce moment-là, j’étais sur le terrain avec l’IDLMS (nldr. Intercommunale La Louvière-Mons-Soignies reprise en 2006 par la SWDE) avec deux collègues eux aussi pompiers volontaires. On faisait le raccordement d’une banque CERA. », explique Noël.
Au moment de l’explosion, nous étions persuadés que c’était un attentat.

De son côté, Yves était loin de se douter que sa journée de congé se passerait sur un champ de bataille. « En quelques minutes, je me suis retrouvé en renfort au poste de secours où l’on rassemblait les blessés. Nous devions humidifier les brûlés. Les hélicoptères se posaient à côté de nous, dans un décor calciné. »
Pourquoi c’est important ?
On pourrait considérer cet article comme hors-sujet vis-à-vis des activités de la SWDE. La double activité fontainier/pompier a souvent créé le débat en interne mais ici n’est pas la question. Tout comme nos collègues secouristes ou ambulanciers interviewés il y a quelques semaines, Yves, Noël et Frédéric incarnent des valeurs sociétales importantes.
Durant les échanges, il est évident que faire remonter ces souvenirs n’a pas été un exercice des plus agréables. Et pourtant, nous avons été confrontés à des personnes passionnées, dévouées et altruistes qui se sont livrées sans fioritures. Ces trois bonhommes ont cette aura du pompier qu’on ne voit que dans les bandes dessinées ou les séries tv. Derrière leurs solides carapaces se cachent de riches expériences. En s’en inspirant, nul doute que nous pourrons consolider toujours plus notre raison d’être : de l’eau pour tous, aujourd’hui et demain.
20 ans de la catastrophe de Ghislenghien: qu'est-ce qui a changé ?