La saga ping de Didier
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Ce ne serait même pas exagéré de dire qu'il est né avec une raquette de tennis de table dans la main ! De ses premiers échanges dans la salle à manger familiale aux tournois internationaux, Didier a réussi à forger sa petite légende dans ce pays où Jean-Michel Saive s'impose en icône incontestée. Retour sur le parcours d'un pongiste pour qui son sport est bien plus qu'un simple jeu : un héritage.
« Pour nous, le tennis de table est une histoire de famille, raconte Didier, fontainier « nouveaux raccordements » à Couillet. Dans les années 50, mon père était affilié à la Fédération Ouvrière de Tennis de Table de Belgique. Il avait commencé à jouer à la Maison du Peuple de Leval. Mon papa possédait une raquette en bois recouverte d’une simple toile émeri. Un modèle qui n'existe plus parce qu'il usait trop les balles. Il l'a remplacé par une raquette recouverte d’un caoutchouc avec des picots, mais sans mousse pour amortir les coups ».
Le petit Didier, lui, n’a pas tardé à suivre l’exemple paternel. Dès l’âge de 5 ans, il s’entraîne avec son frère sur une petite table de la salle à manger. « Mon père et ma mère nous tenaient la main pour nous apprendre à maîtriser la raquette », se souvient-il avec un sourire. A 8 ans, Didier accompagne pour la première fois son père à l'entraînement. Très vite, les arrière-salles de café deviennent son terrain de jeu et d'apprentissage. « Il m’est souvent arrivé de jouer entre le poêle et le juke-box »
Pendant mon enfance, il m’est souvent arrivé de jouer entre le poêle et le juke-box dans les arrière-salles des cafés où les tables de ping-pong étaient installées

Dans les années 70, un joueur faisait office de référence dans mon club de Piéton: Jacques Breda, surnommé Jaco. Une victoire contre lui était le sésame pour pouvoir participer aux championnats interclubs. « J'avais seulement 11 ans quand je l’ai battu », raconte Didier, non sans fierté. Un souvenir marquant d’autant plus que Jaco était aussi son professeur. « Mais à l’école, c’était monsieur Breda ! ». Ce premier exploit en appellera bien d'autres.
Arbitre à l'international et champion en Hainaut
Ado, Didier multiplie les compétitions. Parallèlement, il arbitre aussi des matchs de niveau international. Avec sa première véritable raquette, une Yasaka achetée à Carnières, il gravit les échelons, de la division 8 provinciale jusqu’à la 2e division nationale. Fulgurant !

« Ma raquette était doublée de mousse. Je parvenais à contrer facilement mes adversaires qui jouaient à l’ancienne. J'ai régulièrement affronté de jeunes internationaux. J’ai notamment participé à des tournois à Bois-Colombes contre des équipes françaises. Je faisais mes devoirs dans le camion qui nous conduisait jusqu'aux sites de compétition. C’était un peu folklorique ! ».
L'un des faits d'armes qui rend fier Didier, c'est son titre de champion de Hainaut en double avec son frère.
Dès mes 12 ans, mon quotidien était calqué sur le ping : j'allais à l'école, je m'entraînais, je mangeais et je dormais.
Affilié à la Fédération Ouvrière francophone, le jeune Didier n’a malheureusement pas l’occasion d’affronter les joueurs de l’autre fédération nationale, celle qu'on appelle la Royale dans le milieu du tennis de table (AFTT). À l’époque, les deux fédérations se livraient une véritable guerre froide, qui est révolue depuis. « Mon père était non seulement le président du Ping-Pong Club de Piéton mais aussi le secrétaire de la Fédération Ouvrière. Il était donc hors de question de pactiser avec l’autre fédération. Car, pour lui, un sport où les joueurs gagnent de l’argent n'est pas un sport qui prône la valeur de solidarité, propre à l'identité ouvrière ».
L'heure de transmettre
Lorsqu'il entre dans la vie active, Didier est contraint de lever le pied. Le métier de terrassier/fontainier et les gardes qui l'accompagnent ne lui laissent plus assez de temps pour s'entraîner au plus haut niveau. Partisan d'une plus grande ouverture entre les deux fédérations, il fait néanmoins le choix audacieux de jouer pour deux clubs : Piéton, côté Fédération Ouvrière, et Gerpinnes, côté Royale. « J’ai fait ce choix pour bénéficier des conseils de coachs comme Martin Bratanov, l’entraîneur de l’équipe olympique belge (et vice-champion du monde en 2021 à Osaka avec les frères Saive-NDLR), et Marc Ledoux, ancien 10e mondial en paralympique ».
Aujourd’hui, à 62 ans, Didier a déposé les raquettes pour ne plus jouer qu’en dilettante. « Place aux jeunes ! », sourit-il. Ses enfants, affiliés dans des clubs locaux, ont repris le flambeau. « Et il est très probable que mes petits-enfants s’y mettront aussi », confie-t-il avec tendresse. L'héritage précieux se transmet de génération en génération.