Le château de Bauche (4/4) : l'entretien d'un tel domaine et la fin de l'aventure
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En 2023, nous avons entamé une série d’articles évoquant d’anciens lieux de travail et de vie de la SWDE. Cette série a trouvé un prolongement dans O’Mag et, à ce jour, le destin de plusieurs de ces sites n’a été évoqué que dans notre magazine papier. Comme nous sommes conscients que tout le monde n’est pas un lecteur assidu du O’Mag, nous avons décidé de proposer ces contenus sur nous.swde. L'histoire commune entre le château de Bauche et la SWDE est tellement riche que nous la proposons sur nous.swde en plusieurs épisodes... Aujourd'hui, le 4e et dernier épisode.
Le premier article résume le contexte du château de Bauche. Le second évoque l'aspect loisirs. Le troisième aborde le côté "sportif".
Malgré l’ambiance conviviale qui fait tout le charme du château, la gestion d’un tel domaine est loin d’être de tout repos. Si les bons moments se succèdent, d’autres, moins agréables, surviennent à tout moment : égout bouché, inondation, urgence médicale, etc.
Témoin n°6
David - Fontainier Maintenance (Dinant)
Engagé à Bauche en avril 1994, David a été l’une des chevilles ouvrières du domaine durant près de 12 ans. Ancien peintre en bâtiment et parfait bricoleur, son profil correspondait exactement à ce que recherchait Romano : un homme-orchestre capable de s’occuper de toute la maintenance quotidienne du château.
« Au domaine, le véritable patron c’était Romano, explique David. Comme j’avais travaillé dans le bâtiment durant des années, il savait aussi qu’il pouvait compter sur mon expérience. Car entre nous, c’était une question de respect et de confiance. Avant de décider quelque chose, il me demandait toujours mon avis ».
C’est quand tout le monde avait quitté les lieux que David passait à l’action. Durant les périodes creuses, l’activité hôtelière s’interrompait du mardi au jeudi. Il avait alors tout le loisir de rénover les chambres et de veiller à l’entretien du jardin :
« Je m’occupais de tout ce que les autres sous-traitants ne faisaient pas. Lorsqu’il fallait installer une douche dans une chambre, par exemple, nous faisions appel à un plombier professionnel. Il se chargeait du gros œuvre et de la plomberie. Je passais ensuite derrière lui pour peaufiner les finitions et repeindre le tout. Au jardin, les gros travaux comme la tonte des pelouses et la taille des haies étaient confiés à des entreprises de jardinage. Moi, j’arrosais les plantes. Je désherbais les allées. Je coupais les branches cassées et j’entretenais les étangs ».
Au four et au moulin au château
Durant la saison hivernale, avec Nelly la concierge comme seule témoin, David passait de chambre en chambre pour donner un coup de peinture et tout remettre à neuf.
En un peu moins de 12 ans, je pense que j’ai entièrement rénové le château plusieurs fois. Je connaissais le moindre recoin et la moindre cachette.
Homme à vraiment tout faire, David prenait aussi en main les aspects logistiques des activités organisées dans l’enceinte du château : « Pour la journée des enfants, par exemple, je prenais en charge tous les préparatifs. J’installais tous les équipements. Monter les chapiteaux me prenait des jours. Je devais même aller chercher quelques bénévoles au village pour qu’ils m’aident à installer la toile. Tout seul, c’était impossible. Lors des cochonnailles, je veillais la nuit pour tourner les broches. Et durant la brocante, j’étais le premier sur place pour indiquer les emplacements aux participants. Quand il le fallait, je n’hésitais jamais à travailler le week-end ».


Son souvenir le plus marquant ? La fois où il a dû installer une canalisation qui allait des trois étangs de pêche communicants jusqu’au ruisseau situé en contrebas du domaine. « Pour éviter les inondations, j’ai installé une évacuation du trop-plein. J’ai creusé une longue tranchée de plusieurs mètres qui traverse un mur de pierres de 1m20 de large. J’ai percé le mur à coups de marteau et de burin. Comme j’étais tout seul pour effectuer ces travaux, j’ai imaginé un système avec des cordes pour emboîter les tuyaux en ciment de 400 mm les uns dans les autres. Il fonctionnait mais il m’a demandé beaucoup d’effort. Je pense que c’est le chantier le plus pénible que j’ai jamais accompli dans ma vie. Et mon dos s’en rappelle encore (rire)… »
David connaissait à ce point tous les recoins du château que, lorsque le domaine a été victime d’une inondation après sa vente, on est venu le chercher pour fermer toutes les vannes nécessaires. « J’étais devenu la mémoire vivante du domaine, conclut-il ».
Témoin n°7
Anne - Opératrice logisticienne (Accueil Loyers)
Anne intègre l’équipe du château en 1996. Elle apprend, un peu par hasard, que le domaine cherche une personne pour assurer le service en salle du restaurant. Elle travaille déjà dans un établissement de Namur, mais elle s’y rend quand même par curiosité : « Après mon entretien avec Romano, je ne savais plus sur quel pied danser. Je trouvais l’endroit magnifique. Le chef donnait l’impression de savoir ce qu’il faisait ».
Après un petit temps de réflexion, Anne accepte la proposition. Elle rejoint Chantal en salle. « Pendant les vacances scolaires et les week-ends, le restaurant ouvrait ses portes à 7h30 pour les petits-déjeuners et les fermait rarement avant minuit. Avec Chantal, on alternait. Celle qui faisait le service le matin terminait plus tôt dans la soirée et vice-versa ».
Il nous arrivait d’assurer deux banquets de communion ou de mariage en même temps. En pleine saison, nous avions au moins un événement important par semaine

Les clients étaient là avant tout pour se détendre. L’atmosphère était toujours très conviviale. Mais Anne y met un petit bémol : « Le service n’était décontracté qu’en apparence. Comme nous avions beaucoup à faire, il était hors de question de bayer aux corneilles. D’autant que Chantal avait son caractère. Elle savait ce qu’elle voulait ».
La fin d'une histoire...
En 2007, la décision de vendre le domaine tombe de manière assez abrupte pour Chantal et Romano. Les priorités changent. La SWDE choisit de se séparer du château.
Même la vente est une histoire en soi : c'est un tout jeune agent immobilier qui s'en est chargée. Tellement novice que c'était... sa première vente. Quant à l'acheteur, il a pris le temps de s'imprégner des lieux en restant de nombreuses heures sur un banc face au château et même en passant une nuit en camping-car pour se rendre compte de l'ambiance nocturne...
Quant à l’équipe des quatre permanents, qui sont tous salariés de la SWDE, est mutée dans d’autres services. Romano (décédé en 2012 à 55 ans) et Chantal se retrouvent à Verviers, Anne rallie l’accueil de la direction régionale de Namur et David intègre l’équipe des fontainiers du secteur de Dinant.