Camions aspirateurs : stop ou encore ?
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Après un an d'utilisation sur plusieurs centaines de chantiers de maintenance, l'heure est au bilan. Les deux camions aspirateurs loués à l'essai pour une période de 12 mois ont-ils prouvé leur efficacité et, mieux encore, leur rentabilité ? Ces engins « d'avenir » sont-ils vraiment les plus appropriés pour remplacer la mini-pelle ?
Jusqu'ici, la mini-pelle est l'outil incontournable des fontainiers lorsqu'ils interviennent pour réparer une fuite ou renouveler des installations en sous-sol. L'engin peut ouvrir une tranchée, dégager des terres, remblayer, etc. Inconvénient : elle est dépendante d'un camion pour être transportée sur chantier. À l’inverse, le camion aspirateur se déplace de manière autonome… et ce n’est pas son seul atout.
Il y a un an, l'arrivée des camions aspirateursLes premiers enseignements
Le moment est venu, après une année d'utilisation, essentiellement sur le territoire des centres de maintenance de Gaurain-Ramecroix, Ath, Jodoigne et Villers-le-Bouillet (un camion en zone Ouest et l'autre en zone Est) de tirer les premiers enseignements. Mathieu, ingénieur Maintenance, impliqué dès les premières réflexions sur le projet, nous aide à dresser la liste des points forts et des pistes d’amélioration observés au fil des mois.
Les coûts de réfection - Même si le camion aspirateur est plus encombrant qu'une mini-pelle, le trou creusé par son bras articulé est, à coup sûr, beaucoup moins large. Cela signifie que la surface à réfectionner – facturée au m² par les sous-traitants – est réduite. Ce qui se traduit par un gain moyen de ± 400 € par intervention ! « Pour autant que nous puissions réaliser trois terrassements par jour, les bénéfices quotidiens s'élèveraient à 1.200 € par camion », résume Mathieu.

Le temps d'intervention - La question ici est de savoir si le recours au camion aspirateur fait ou non gagner du temps aux équipes de fontainiers. De manière surprenante, les premiers mois ont révélé que le temps de cycle des interventions réalisées avec le camion aspirateur est plus long que celui des chantiers menés avec une mini-pelle.
Mais cet écart est à relativiser. Les calculs de temps de cycle portent sur l'ensemble des opérations d'un chantier de maintenance : déplacement, signalisation et sécurisation, réalisation de la tranchée, travaux de fontainerie et remise en service. Or, le terrassement n’est pas toujours l’étape la plus longue ni la plus déterminante dans le cycle d'une intervention. Cela dit, sur cette étape précise, le camion aspirateur est imbattable : il creuse vite et bien.
Autre raison de rester optimiste : il a fallu tester et ajuster l’organisation. Combien de fontainiers envoyer ? Combien de véhicules mobiliser ? Que faire en cas d’immobilisation du camion si le seul pilote formé est absent ? Comment combiner la pose de la signalisation, la réalisation de la tranchée et les travaux de fontainerie, sachant que la combinaison optimale est la mobilisation de 3 fontainiers pour réaliser 3 interventions par jour.
D'ailleurs, les chiffres de septembre indiquent que cet objectif est tout à fait atteignable, à condition d’une organisation bien huilée. Une fois les méthodes rodées et les rôles bien répartis, le camion aspirateur peut révéler tout son potentiel. Et sa grande utilité.
Les fontainiers se sentent davantage en sécurité quand ils ouvrent un chantier avec une camion aspirateur. Plus besoin de monter et descendre dans la tranchée, moins de risques d’effondrement quand ils sont dans le trou et une vraie tranquillité d’esprit

La sécurité des fontainiers - Elle n’a pas de prix. Contrairement à une mini-pelle, le camion aspirateur permet d’intervenir au plus près des réseaux enterrés (gaz, électricité, fibre optique…) sans risque de les endommager. Son bras articulé et téléguidé creuse avec précision, sans que les fontainiers aient à faire des allers et venues dans la tranchée pour dégager le terrain; ce qui limite considérablement les risques d'accidents.
Autre avantage : les terres de déblais sont aspirées directement dans le « ventre » du camion. Les bords de tranchée ainsi dégagés réduisent les risques liés aux effondrements ou aux chutes de matériaux en déséquilibre.
La satisfaction des riverains - « Les retours sont globalement très positifs », note Mathieu. Les chantiers réalisés avec le camion aspirateur sont plus propres, les déblais sont évacués immédiatement, et les trottoirs restent dégagés.
Un fontainier a même rapporté l’anecdote d’un riverain venu chercher son courrier en pantoufles au bord d’une tranchée en cours… preuve que la propreté inspire confiance et que l’intervention est perçue comme peu intrusive.
Et maintenant, la suite ?
En regard de ces premières constatations, la location des deux camions aspirateurs a été prolongée pour une période de 2 ans +1.

Les ingénieurs supervisant l'utilisation des camions aspirateurs estiment que leur rentabilité peut être atteinte en trois ans (la location mensuelle avoisine 15.000 € par machine - NDLR). Alors, pourquoi pas un achat immédiat ? En fait, il faut compter 2 ans pour fabriquer un camion aspirateur. La prolongation de la durée de location n'a donc rien d'anodin. Elle permettra, en outre :
- de consolider les méthodes d'utilisation
- de former un nombre plus élevé de fontainiers à la conduite et à l'utilisation de l'engin
- d'affiner nos besoins pour acheter des camions aspirateurs sur-mesure. Parmi les améliorations envisageables : l'intégration d'un module pour transporter la signalisation de manière autonome et l'ajout d'un brise-roche téléguidable.
Un camion aspirateur coûte environ 300.000 € de plus qu’une mini-pelle. Mais si nous réussissons à tenir la cadence de trois interventions par jour avec trois hommes, je suis convaincu que nous rentabilisons l’investissement en trois ans.

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La photo de couverture est l'œuvre de David, fontainier de Villers-le-Bouillet