Cathy, combattante sur tatami brésilien
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- Y'a pas que le boulot...
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Elle va bientôt cueillir la violette ! Cathy s’apprête à franchir un nouveau palier dans la hiérarchie de son sport. Ceinture bleue 4 barrettes, elle progresse depuis dix ans avec calme et précision dans un art martial exotique : le jiu-jitsu brésilien où la stratégie prime sur la force. Et où le calme l'emporte sur la précipitation.
Avec Cathy, il faut se méfier de l'eau qui dort. Analyste RH (service de proximité) à Couillet, elle troque, plusieurs fois par semaine, ses habits de ville contre un kimono de sport que ferme une ceinture de couleur bleue. Et son sourire jovial se fait alors un peu plus carnassier...
Depuis dix ans, Cathy pratique le jiu-jitsu brésilien — ou JJB pour les initiés — un art martial exigeant, tout en contrôle, où la finesse prime sur la force brute. « Ah oui ! La capoeira ! » s’exclament immanquablement ses collègues. Cathy rétorque, patiente : « Non, non! La capoeira, c’est avec des percussions, des acrobaties. C’est dansé. Moi, c’est du jiu-jitsu brésilien. C’est… plus direct, moins folklorique. »
C’est son mari, ceinture noire, qui l’a entraînée un soir sur les tatamis. « Juste pour voir », avait-il dit. Elle n’en est plus redescendue.
Ce qui l’a séduite ? C'est ce mélange inattendu entre chaos et précision. Ce moment où, après des dizaines de chutes, on comprend enfin comment tomber juste !

Le kimono comme une arme
Le jiu-jitsu brésilien est né d’une adaptation du judo par des combattants brésiliens, qui l'ont allégé de ses codes pour en faire un art martial plus fluide, plus axé sur le combat au sol. « C’est moins cérémonieux que le judo, confirme Cathy. On commence debout sur le tatami, on tente une projection, puis on « tire la garde », c’est-à-dire qu’on emmène volontairement l’autre au sol pour travailler les positions et tenter une soumission. Le combat s’arrête quand l’un abandonne ».
Parce que, dans ce sport où tout se joue au contact, le kimono devient une arme qu'on saisit, qu'on tord ou qu'on retourne contre soi. Et comme dans beaucoup d’arts martiaux, le niveau des pratiquants se lit à la couleur de la ceinture. On commence blanc, l’innocence totale. Puis, avec le temps, la sueur et les soumissions encaissées, on progresse : bleue, violette, marron, et enfin noire, la ceinture du contrôle et de la maîtrise. Pour passer d’une couleur à l’autre, il faut gagner quatre barrettes : de petites bandes blanches fixées sur la ceinture, comme des galons sur l’uniforme. Elles marquent l’évolution, la régularité, l’engagement.
Ceinture bleue quatre barrettes, Cathy est aux portes de la violette Une couleur qu’on ne décroche pas par hasard, mais à force de régularité, de persévérance… et d’humilité. Elle sourit : « J’y arrive doucement, à mon rythme. J'ai pris un peu de retard par rapport à une évolution normale parce que j'ai dû alterner mes entraînements avec des cours du soir ».
Dans mon sport, le but consiste à immobiliser son adversaire au sol et de le contraindre à abandonner, par une clé ou un étranglement. C’est très différent du judo, où le combat peut se gagner sur une simple projection ou un maintien des deux épaules au sol pendant 10 secondes

En compétition de JJB, un combat dure 5 à 10 minutes selon la catégorie. Si aucun des deux ne parvient à soumettre l’autre, on compte les points, comme en boxe ou en lutte. Celui qui remporte le combat, c'est celui qui aura réussi le plus de prises techniques : renversements, passages de garde, montées, contrôles.
La stratégie du serpent
Cathy parle avec passion de son sport, mais sans frime. Parce qu’elle sait. Le jiu-jitsu brésilien, ce n’est pas que des combats. C’est apprendre à respirer sous la pression, littéralement. À gérer l’inconfort, à ne pas paniquer quand un genou s’écrase sur vos côtes.
Et dans ce sport, comme dans la vie, celle qui garde la tête froide… finit souvent par gagner. Cathy ne manque jamais de le rappeler quand on lui demande ce qui différencie vraiment le judo du jiu-jitsu brésilien : « Le JJB a une portée beaucoup plus orientée self-défense. Dès le début, on apprend à se défendre en cas d’agression réelle : gérer une saisie, une chute, un étranglement… C’est du concret. Là où le judo s’est structuré comme un sport olympique, très codifié, le jiu-jitsu brésilien garde un pied dans la rue ».

Les combats au sol ressemblent beaucoup à ce qu’on voit en MMA, les frappes en moins. Et ça, c’est essentiel : il n’y a jamais de coups portés en jiu-jitsu brésilien ! « C’est d’ailleurs ce qui le distingue de son cousin japonais, le jiu-jitsu traditionnel, qui lui, intègre des frappes et se rapproche plus du karaté. » Et elle ponctue souvent ça d’un sourire : « On ne cogne pas… on neutralise. Tout en finesse » !
Vidéo : les règles du JJB expliquées simplementUn bon pratiquant de JJB, c’est un serpent. Il attend, il encaisse, puis il serre.