Michel, contremaître maintenance réseaux

Catégorie
Nos métiers
Temps de lecture
8 min de lecture
MATHIE M 276 lowdef
Date de publication

Tour à tour terrassier, machiniste, deviseur, surveillant de marché, fontainier, Michel a abordé différents métiers depuis son entrée à la SWDE en 1989. Ces différentes expériences lui ont permis d’acquérir un savoir-faire technique solide. Aujourd’hui contremaître au centre de maintenance d’Eupen, il met son expertise au service des fontainiers qu’il accompagne et encadre.

Ce photoreportage ne reflète bien sûr pas l'ensemble des missions dévolues aux contremaîtres de maintenance réseaux. Ce n'est pas le but de cette série mensuelle Une journée avec... Nous avons accompagné Michel pendant toute une journée de travail, prise au hasard. Voici comment elle s'est déroulée...

8h01

MATHIE_M-1_lowdef

Michel partage son bureau avec David, l'autre contremaître du centre de maintenance d'Eupen. Il trouve qu’il y a trop d’administratif dans ses tâches quotidiennes, mais il faut bien commander et gérer les impétrants, prévenir les communes de travaux à venir, obtenir toutes les autorisations nécessaires, gérer les plannings, contrôler la qualité des travaux, faire en sorte d’assurer la sécurité sur les voiries et corriger les anciens plans approximatifs. Aux ordres du contremaître s’ajoute l’ordre informatique. « Trop de clics », dit-il…

8h08

MATHIE_M-5_lowdef

Distribution du travail à l’équipe de fontainiers. Ils sont une quinzaine à Eupen pour un centre qui touche deux frontières. De Sippenaeken, du côté des Pays-Bas, à Saint-Vith Lommersweiler, du côté de l’Allemagne ; soit 80 km d’une extrémité à l’autre. Dans l’équipe, on parle allemand, français, plattdeutsch et wallon. Langues, patois et dialectes que maitrise parfaitement le contremaître.

8h11

MATHIE_M-15_lowdef

Deux fontainiers demandent des précisions à Michel. Responsable direct de l'équipe d'intervention, il joue un rôle-clé dans l’organisation du jour. A lui de donner les explications les plus claires possibles sur ce chantier délicat dans une cité de Malmédy.

9h47

MATHIE_M-56_lowdef

Robertville, moins 8° - Michel n’a pas le temps d’apprécier l’environnement naturel et la tranquillité du village. Ses fontainiers sont venus réparer une fuite sur une conduite enfouie sous un jardin privé. Il constate que les anciennes indications sur le plan sont trop imprécises. Alors le contremaître dessine un brouillon et rapporte les mesures de son télémètre laser.

9h57

MATHIE_M-59_lowdef

Traversée du barrage de Robertville dans le parc naturel des Hautes-Fagnes-Eifel. Huit millions de m³ d’eau retenus sur la Warche. Cette retenue fut créée en 1928 pour fournir la ville de Malmedy en eau potable et alimenter la centrale électrique de Bévercé. C’est le site de production de Chôdes qui assure le traitement de ces eaux de surface.

10h23

MATHIE_M-93_lowdef

Malmedy - Cet habitant de la commune venait d'asphalter son entrée de garage. Mais son nouveau revêtement a dû être éventré pour la réparation urgente d'une fuite sur une grosse conduite. L'entrepreneur a malencontreusement griffé le tarmac. Le riverain exige une remise à neuf compréhensible. Michel, qui devra réaliser un rapport pour les assurances, reste calme face aux récriminations du propriétaire. Il l’écoute attentivement, reconnaît sa colère, propose des solutions et évite l’escalade.

10h34

MATHIE_M-171_lowdef

Les travaux pour l’élargissement de l’avenue du Pont de Warche à Malmedy ont modifié l’infrastructure. Les vibrations des camions ont entraîné une fuite sur la conduite d’eau. Si elle a été réparée, Michel doit maintenant la repositionner sur les plans puisque l’infrastructure existante a été modifiée.

10h46

MATHIE_M-213_lowdef

Nouvelle triangulation. Michel est fier d’avoir fait diminuer de moitié les fuites sur le réseau de Malmedy depuis sa prise de fonction. Il est conscient de mettre ainsi en valeur le réseau et de le rendre plus précis pour son successeur. Bien que francophone, il apprécie et se réclame d’une mentalité germanique où rigueur et précision, discipline et ponctualité, organisation et planification, pragmatisme et efficacité sont les maîtres-mots.

11h29

MATHIE_M-218_lowdef

Visite de chantier sur une intervention de réparation d'une fuite. Avec ses équipes, les rapports de subordination purs et durs sont quasi absents. Les fontainiers disent de lui que c’est un bon chef, qu’il connaît parfaitement les exigences du métier puisqu'avant il était à leur place. Quand il a débuté comme terrassier le 1er janvier 1989, un jour de grande froidure, Michel avait pensé ne pas rester à la SWDE, car c’était beaucoup trop dur. Il attaque sa 36e année…

Un bon chef doit avoir beaucoup de qualités : motiver, avoir une vision claire, écouter, comprendre, trancher, s’adapter mais il doit, avant de critiquer, toujours être capable d’effectuer le travail lui-même !

Michel M.
Michel M., Contremaître maintenance réseaux - Eupen

12h21

MATHIE_M-236_lowdef

Après avoir ingurgité un casse-croûte sur un parking, Michel classe ses notes. Il explique que depuis la catastrophe de Ghislenghien, les règles de fouilles et de sécurité ont beaucoup changé. Il faut que toutes les installations souterraines soient bien repérées et pas seulement car le contremaître est le premier responsable en cas d’accident, mais pour la sécurité de tous.

Ghislenghien : ces collègues y étaient

12h45

MATHIE_M-245_lowdef

Bévercé - Nouvelle triangulation pour une vanne qui se retrouve dorénavant derrière le mur d’un client ayant fait des transformations. Le télémètre laser est le meilleur ami de Michel. C’est l’instrument indispensable pour mesurer les distances qui le séparent de sa cible. A chaque imprécision découverte, le contremaître envoie les modifications pour mettre à jour le Système d'Information Géographique (SIG).

Une journée avec Renaud, dessinateur SIG

13h11

MATHIE_M-263_lowdef

Un client d’Ovifat a appelé pour se plaindre d’un manque de pression. Le contremaître bifurque vers la station de pompage du signal de Botrange. Le climat rude des cantons de l’Est influence les activités du centre de maintenance. Cette marche n’inquiète pas Michel qui traverse quatre fois par semaine les bois des Fagnes en VTT pour se rendre au boulot, soit 48 km aller-retour. Ces instants de solitude sont ses moment de réflexion et d'introspection. Il a ainsi décidé de devenir formateur afin de partager aux nouvelles recrues ses connaissances de terrain.

13h54

MATHIE_M-318_lowdef

Petit passage au bureau pour se réchauffer d’une tasse de café. L'environnement, les paysages et les caractéristiques géographiques des cantons de l’Est ont forgé l'identité de Michel. C’est un costaud attaché à sa géographie mais aussi un sensible qui rêve de voyager et de découvrir l’ailleurs. Il compte bien, à la retraite, partir et arpenter la vastitude du monde.

14h12

MATHIE_M-325_lowdef

Welkenraedt - Encore une triangulation à la suite d’une fuite réparée sur une bouche à incendie. La voilà repositionnée sur le plan à 10 cm près ! Michel a une haute estime de son travail au service de la population. L’image qu’il renvoie de la SWDE est importante pour lui car elle joue un rôle clé dans la façon dont l'entreprise est perçue.

14h55

MATHIE_M-348_lowdef

Retour au bureau pour la transcription des notes de terrain dans la plateforme informatique Elyx qui permet de mutualiser les données géographiques récoltées. Passer des tranchées à la chaise de bureau fut difficile pour Michel. Pareil aux marins qui ont le mal de terre à leur retour...

16h36

MATHIE_M-363_lowdef

Journée terminée. Michel, jeune marié depuis deux mois va rejoindre son épouse dans sa maison située à l’orée des bois de Sourbrodt. Après avoir élevé des lapins Géants des Flandres (et gagné une multitude de concours nationaux et européens) et des poules Brahma, il se passionne aujourd’hui pour les carpes Koï colorées synonymes de persévérance, de force intérieure et de courage face à l’adversité au Japon, leur pays d’origine. Il leur a construit un très bel étang pour les élever. Le gel ayant saisi l’installation, il doit aller la vérifier. Encore une histoire d’eau…

Portrait d'un autre collègue passionné par les koïs

Et une petite anecdote pour conclure...

Au tout début de sa carrière, Michel, fraîchement sorti du service militaire, a la ferme intention de faire sa place, de montrer aux ouvriers expérimentés qu’il est motivé, prompt à l’apprentissage, prêt à progresser et capable de se sortir de n'importe quelle impasse. Un jour d’été, une occasion de briller se présente. Trois ouvriers à l’aube de la retraite rentrent au secteur dépités. Ils étaient partis en intervention aux Câbleries d’Eupen pour remplacer un robinet d’arrêt dans un hall de l’entreprise mais, faute d'avoir réussi à couper l’eau, l’opération avait échoué. Le contremaître de l’époque avait également fait chou blanc.

Alors, avec un autre collègue, ils s’autoproclament capables de réaliser ce travail… Ils se rendent aux Câbleries et, bravant les règles et les précautions d’usage, décident d’enlever le robinet sans couper l’eau. Ils sont forts et déterminés, çà devrait aller. Le dévissement se passe bien mais dès l’embout fileté extrait, la pression d’eau les surprend. Le jet va percuter le mur d’en face pourtant distant de quinze mètres. Très vite, le hall est inondé, le débit incroyable. Il faut réagir.

Les deux compères font face au déluge. La giclée les bouscule, les malmène, les chahute comme un rinçage de lave-linge sans le tambour pour les maintenir concentrés. Ils se retrouvent projetés dans une lutte quasi frénétique. Rudoyés, ils unissent leurs forces et parviennent, à corps et à clapotis, à réembouter le nouveau robinet. L’honneur est sauf mais ils sont trempés comme des soupes. Il faut encore trouver une solution pour évacuer l’eau du sol. Ils découvrent une taque d’égout dont ils ignorent tout. Aidés de leur pioche, ils la déverrouillent avec la force du désespoir et l’eau s’éclipse aussi vite qu’elle était venue, laissant place à un sol sec. Ils ont les muscles engourdis par l’effort, le souffle court et leurs vêtements dégoulinent. Mais l’apothéose leur donne des ailes.

Ils foncent se changer pour rentrer au secteur frais comme des gardons. Devant l’assemblée des collègues qui les attendaient dubitatifs et le sourire aux lèvres, ils déclarèrent, à peine remis de leurs émotions, que le travail était fait,... sans l’ombre d’un problème ! Passant sous silence les détails de l’intervention, les voilà convaincus que le triomphe réside dans l’art subtil de savoir jusqu’où aller trop loin…