Charlotte et l’art de survoler les obstacles
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Des mains fermes qui empoignent les rênes, les pieds bien calés dans les étriers, la bombe vissée sur la tête, c’est dans cette posture que Charlotte entamait ses concours de jumping. Des compétitions de saut d’obstacles au cours desquelles elle a brillé. Reste aujourd’hui un amour inconditionnel pour ses chevaux.
Analyste finances au Contrôle de gestion à Verviers, Charlotte a commencé à monter à cheval à 6 ans. Et il n’y a pas de hasard : « Ma mère avait pratiqué l’équitation dans sa jeunesse. Elle m’a refilé le virus en m’inscrivant à un stage de poney durant les grandes vacances » .
A l’époque, ce qui devait être une simple petite occupation estivale tourne à la passion. Son père alimente l’engouement naissant. Il l’inscrit dans un club d’équitation près de Verviers. Ses progrès enthousiasment les moniteurs du manège. Pour ses 8 ans, son papa lui fait la surprise de lui offrir un double-poney (taille intermédiaire entre le poney et le cheval). « J’étais aux anges ! J’avais mon propre cheval que je pouvais monter et bichonner quand je voulais. Il s’appelait Pilou et avait tout juste 4 ans ».
Jamais sans mon Pilou
Aussi inexpérimentés l’un que l’autre, Pilou et sa maîtresse découvrent l’univers de la compétition. « Au tout début, j’ai participé à de petits concours internes où il fallait franchir des obstacles de 50 cm. Pilou avait l’instinct d’un sauteur. Il apprenait étonnamment vite. Il était en pension au manège. Chaque jour, j’allais le voir. Je le sortais pour une balade ou un entrainement. C’était à la fois mon meilleur ami et mon confident ».
Au fil des saisons hippiques, Charlotte et Pilou participent à de nombreux concours régionaux de saut d’obstacles et de dressage. Malgré sa petite taille, le double-poney tire son épingle du jeu et permet à Charlotte de figurer en haut des classements dans sa catégorie. « Pilou m’a accompagné dans tous mes concours jusqu’à mes 17 ans. Quand il a commencé à boitiller après l’effort, je me suis alors concentrée sur le dressage qui était physiquement moins éprouvant pour lui ».
Avec Utopie, « un très beau duo »
Très attentif à l’évolution de sa fille, le père de Charlotte lui offre une nouvelle jument pour ses 15 ans. Il lui choisit un cheval spécialement élevé pour la compétition. Avec Utopie, Charlotte franchit un palier dans la compétition. « Avec elle, je ne pouvais que m’améliorer. Elle provenait d’un élevage spécialisé dont le propriétaire était une connaissance de mon père. Il a accepté de lui vendre Utopie pour une somme très raisonnable, car elle était un peu trop petite pour participer à des concours de haut niveau. J’ai dû m’habituer à sa foulée et à sa fougue. Ma jument a dû, elle, se plier à ma manière un peu aléatoire de monter. Quand mes gestes étaient un peu imprécis, je la sentais déroutée ».
Charlotte a pu tester son futur cheval durant un mois avant la conclusion de son achat définitif. L’osmose entre la cavalière et sa nouvelle monture était telle que la décision est tombée très vite après leur première rencontre. « Je l’ai montée pour la première fois en concours à Theux. J’ai tout de suite senti que ça allait coller entre nous. Nous avons fait un très beau parcours. Mes amis qui l’avaient suivi étaient unanimes pour trouver que nous formions un très beau duo ».
Ah, ces choix déchirants !
Finances obligent, Charlotte se voit contrainte de prêter Pilou à une jeune cavalière. « Avoir deux chevaux en pension devenait très couteux (il faut compter 300 €/mois pour chaque animal – NDLR). J’ai dû faire des choix. Mais il était hors de question que je vende Pilou. J’ai trouvé le bon compromis, je crois en le mettant au pair ».
J’ai confié mon poney à une toute jeune cavalière. C’était elle qui payait sa pension au manège. Je pouvais encore lui rendre visite et le monter quelquefois. L’essentiel était qu’il reste à moi
Charlotte, qui a glané des trophées depuis qu’elle a 8 ans, décide d’arrêter la compétition durant ses études. Elle n’a plus le temps ! « À l’époque, j’avais encore l’idée de reprendre la compétition après mes études. Ça ne s’est pas fait, car Utopie avait 17 ans. Et j’estimais qu’elle était déjà un peu trop vieille pour les concours. D’autant qu’elle avait dû être opérée à la jambe à la suite d’une mauvaise chute. Aujourd’hui, elle a 20 ans. Elle est dans une prairie juste à côté de ma maison en compagnie de Pilou. Je monte encore quelques fois les chevaux de mes amis… mais ce n’est plus la même chose ».
« Il n’est pas impossible que j’achète un nouveau cheval pour reprendre les concours, confesse malgré tout Charlotte. De toute manière, je ne me suis pas lancée dans la compétition pour gagner à tout prix. Ce qui m’importait, c’était de vivre un moment de complicité intense avec mon cheval. Plus, j’aimerais pouvoir acheter une vieille ferme pour en faire un petit manège avec quelques box et quelques chevaux en pension. Je ne voudrais pas en faire un métier. Juste vivre ma passion plus intensément » .