Formations certifiantes : quand le formateur est aussi un collègue...

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Lorsque l’on évoque les formations certifiantes, on pense tout naturellement aux collègues qui vont devoir « digérer » la dizaine de modules prévue au programme avant de passer leurs examens. On oublie souvent qu’en face, se trouve parfois un autre collègue formateur qui va tenter un exercice de haute voltige : celui qui consiste à transmettre des concepts, motiver les troupes, valoriser les participants les plus actifs et encourager ceux qui le sont moins… Et cette mission est loin d’être de tout repos, comme nous le raconte Luc, technicien en fontainerie et formateur.

Parmi les personnes qui dispensent des formations pour la SWDE, certains sont des professionnels aguerris issus d’organismes spécialisés. D’autres sont des formateurs internes, des femmes et des hommes issus de nos services qui sont missionnés pour transmettre leur savoir et leur expertise. Un défi qu’il faut apprendre à surmonter !

C’est le cas de Luc, qui a notamment donné un module de fontainerie à Dany, Grégory et tous les autres participants aux formations certifiantes “Contremaîtres” en 2021.

Membre de la cellule Performance Réseau, Luc a été durant plus de 17 ans surveillant de chantier pour la zone de Mons (pôle distribution).

« Après quelques mois à la cellule Performance Réseau, on m’a demandé de dispenser des cours d’hydraulique de base pour les formations certifiantes de contremaître. En 2021, j’ai donc commencé à construire ma formation en me basant sur ce qui avait déjà été fait… en l’adaptant à ma sauce ».

Je dois expliquer comment est conçu et fonctionne un réseau de distribution d’eau. J’aborde dès lors des notions comme les volumes, les débits, les conduites, les vannes, les équipements spécifiques … C’est une formation que je dispense au Polygone de l’eau à Verviers.

Luc
Luc, Formateur interne

D’excellents retours

Quand il a fallu mettre sur pied une formation d’un jour et demi pour une formation certifiante sanctionnée par un examen, l’ampleur de la tâche s’est avérée tout à fait différente.

J’ai d’abord suivi une formation pour être reconnu « formateur interne » par la SWDE. Cette formation s’est terminée par un examen et une présentation devant un jury. J’ai dû démontrer que j’étais capable de faire passer clairement une matière.

« Durant cette formation, nous avons appris le b.a.-ba d’une formation : comment la structurer, comment récupérer et relancer l’attention des participants, quels leviers pédagogiques utiliser et les choses à éviter. »

Luc donne essentiellement cours à des collègues fontainiers. Il a l’avantage que sa formation est concrète et aborde des notions que l’on rencontre sur le terrain.

Mon rôle est d’approfondir des connaissances que les fontainiers maîtrisent déjà. Cette situation dynamique est stimulante pour chacun. Et les retours que j’ai de mes cours sont généralement très bons. Je pense que les participants ont le sentiment que je sais de quoi je parle.

Aimer le contact

Très vite, Luc comprend qu’une formation n’est pas une simple discussion qui s’improvise. Et que le côté « bonne franquette » d’une séance mal préparée peut se transformer en désastre. « Pour assurer une formation, il faut tout d’abord envie de le faire. Il faut aimer le contact avec les gens. »

On se retrouve face à une douzaine de gars et il faut s’arranger pour que le courant passe bien. Le plus important est de maîtriser son sujet. Être capable de répondre à toutes les questions ou presque… car si l’auditoire doute que le formateur soit compétent, il décroche !

« Personnellement, j’ai été très heureux d’avoir été sollicité pour participer à cette aventure humaine. Le métier de contremaître est très exigeant, car il touche à beaucoup d’aspects différents. Mon objectif a été de fournir aux candidats quelques éléments techniques afin qu’ils puissent remplir au mieux cette mission. »

Dany et Grégory échouent en 2014... et rebondissent en 2022

Équilibre précaire

Si l’exercice s’est bien passé dans l’ensemble, Luc est bien conscient que l’équilibre est précaire, et que tout peut basculer… « Il faut être bien conscient qu’un module n’est pas l’autre. Personnellement, j’ai l’avantage de parler de choses que je connais bien à des personnes qui les connaissent aussi. Pour les modules dont le contenu est plus abstrait ou administratif, une séance peut rapidement prendre un tour moins évident. J’ai moi-même suivi des formations au sein de la SWDE où je me disais à la fin que je n’avais à moitié rien compris ! » (rire). 

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Luc partage son expérience et se sent valorisé par son rôle de formateur. (c) SKettani

Son secret pour une formation réussie se résume en trois points. Un : du travail. Deux : du travail. Et trois : encore du travail… Au-delà de la boutade, Luc est convaincu qu’une séance ne s’improvise jamais. « Une formation, c’est un peu comme une pièce de théâtre. Il faut connaître son texte et suivre l’histoire à la lettre. Le formateur qui lit les slides à l’écran ou se perd dans ses explications se tire une balle dans le pied. Les slides ne sont que les supports sur lesquels on va bâtir son histoire. Car pour moi, une formation se raconte, se vit et se partage. »

Quand on propose un exercice que le stagiaire ne parvient pas à résoudre, il faut tout d'abord comprendre où il s’est trompé dans son raisonnement. Ensuite, parvenir à lui expliquer pour qu’il ne commette plus la même erreur.

Quand un participant questionne sur un point précis qui concerne son expérience personnelle, il faut réussir à lui répondre sans trop s’étendre, et raccrocher ce qu’il dit au cours afin que tout le monde puisse en profiter.

La partie visible de l’iceberg

Mais pour lui, le face-à-face avec les participants n’est finalement que la petite partie visible de l’iceberg. Tout se joue avant, lors de la préparation. Une formation doit être structurée, bien documentée et relue par un tiers qui va mettre le doigt sur les éventuelles incohérences.

Préparer des questions d’examen, c’est un exercice difficile. Car ces questions doivent bien refléter le contenu du cours qu'elles soient ouvertes ou à choix multiple. Tout doit s’y retrouver. Les questions ne doivent être ni trop faciles, ni trop compliquées…

« Personnellement, il m’est arrivé de proposer une question QCM dont la solution ne se retrouvait dans aucune des possibilités de réponse proposées (rire à nouveau). Je rigole… mais je n’en menais pas large ». Heureusement, l'erreur a été identifiée, sans conséquence pour les participants à la formation. La situation a été traitée correctement avec toutes les parties prenantes : candidats, formateur, jury et syndicats.

Luc apprécie vraiment ce rôle complémentaire à son travail : « D’un côté, je me sens valorisé et de l’autre, j’ai le plaisir de transmettre. Voilà pourquoi j’ai envie de continuer à donner des formations...  »