Frédéric à l’assaut du Mont-Blanc
- Catégorie
- Nos à-côtés
- Temps de lecture
- 5 min de lecture
Scannez ce QR code pour lire l’article sur votre téléphone.
Fin août, début septembre, 10.000 coureurs venus du monde entier se sont donné rendez-vous à Chamonix pour participer au mythique Ultra Trail du Mont-Blanc. Parmi eux : notre collègue Frédéric. S’il a dû jeter l’éponge avant la ligne d’arrivée, son exploit force le respect. Récit.
Frédéric est fontainier spécialisé en recherche de fuites à Villers-le-Bouillet. Son rapport passionnel avec la course-à-pied est venu un peu par hasard. Un matin, devant son miroir, il constate qu’il s’est un tantinet « épaissi ». A l’approche de la quarantaine, il décide d’agir pour recouvrer la forme. Sa méthode : trottiner pour faire fondre ses poignées d’amour naissantes. Après quelques sorties sportives sur le bitume, il fait deux constats : il aime ça et se débrouille pas trop mal.
Il participe à des corridas de village où il se frotte à des coureurs qui ont de la bouteille. Il prend conscience que son niveau est plus qu’honorable. Il enchaîne alors les participations à des courses. « J’adore les compétitions où les grands champions côtoient les amateurs. Au marathon de Bruxelles, j’ai couru - du moins durant les premiers kilomètres (rire) – dans la foulée des grands champions kenyans. C’était extraordinaire… Si j’avais continué à jouer au foot, il est peu probable que j’aurais pu échanger des passes avec Lionel Messi ou Eden Hazard ».
Dans la sueur et l’effort
Frédéric s’entraine 6 fois par semaine en parcourant une distance comprise entre 80 et 100 kilomètres. Tous les mercredis et samedis, il s’impose des séances éprouvantes avec des fractionnés sur piste.
La cinquantaine gaillarde, Frédéric survole sa catégorie vétéran. Il termine invariablement sur deux premières marches du podium des courses auxquelles il participe. Mais il a bien conscience qu’il plafonne. « Aujourd’hui, mon objectif est de me maintenir à niveau, de découvrir de nouvelles choses et de prendre du plaisir. Je me suis récemment intéressé aux courses de trail en pleine nature. En juin 2022, j’ai notamment bouclé un trail de 50 km dans les Dolomites italiennes. Deux mois plus tard, je faisais le tour du Mont-Blanc en randonnée pédestre avec ma compagne. Pendant toute une semaine, nous avons marché en faisant des haltes dans les refuges. C’était magique ! ».
Et pourquoi pas le Mont-Blanc ?
C’est durant ce périple sur le toit de l’Europe, que lui est venue l’idée de participer à l’UTMB (l’Ultra Trail du Mont-Blanc), une épreuve de force et de courage qui se mesure au mètre de dénivelé gravi.
Tout connaître sur l’UTMB« J’avais envie de m’essayer aux 100 km. Pour avoir le droit d’y participer, il fallait aligner des points glanés durant d’autres trails internationaux. Grâce à ceux que j’avais pu gagner lors de ma participation au trail des Dolomites, j’ai pu m’inscrire à cette édition 2023 de l’UTMB ».
Dans un premier temps, son coach tente de l’en dissuader. Pour lui, Frédéric est trop charpenté pour ce genre de compétition (poids de forme de 77 kg pour 1m87 – NDLR). « Comme je rêvais de boucler un 100 km au moins une fois dans ma vie, j’ai persisté. Dès janvier 2023, j’ai adapté mon entrainement et j’ai privilégié les sorties en forêt. Je devais absolument monter et descendre sur des terrains difficiles pour renforcer ma musculature ».
Monter, oui. Descendre, bof !
Après quelques mois à crapahuter dans les collines ardennaises, Frédéric prend la route fin août pour Chamonix. Le départ de sa course est prévu le 1er septembre.
« Pour les 100 km, tous les participants ont rejoint en bus la ville de Courmayeur en Italie. Nous étions tous partagés entre la joie d’être là et l’angoisse de l’inconnu. La course a démarré sur les chapeaux de roue. Nous avons commencé à gravir un sentier pour atteindre le premier col à 9 km de distance. La pente était beaucoup plus raide que je ne le pensais. À un moment donné, nous étions sur un chemin de crête, sur une petite sente de 30 cm de large flanquée de 2 ravins sur les côtés. Impossible de s’arrêter, de boire ou de manger … il fallait rester ultraconcentré ».
Dans la descente du col, j’ai compris que je n’étais pas tout à fait prêt. La pente était tellement vertigineuse, que j’étais obligé de bondir sans m’arrêter. Je sentais que mes cuisses prenaient cher
Arrivé en bas, rebelote. Frédéric a face à lui une montée de plusieurs kilomètres jusqu’à un col situé à 2.700 mètres d’altitude, à la frontière entre la Suisse et l’Italie.
Le profil de la course de FrédéricAu bout de 40 km de course
« L’avantage d’une ascension, c’est qu’on peut l’entamer à son rythme et souffler un coup. Dans la descente qui a suivi, j’ai commencé à éprouver mes premières douleurs. J’ai serré les dents pour atteindre la montée suivante. J’ai gravi la pente vaille que vaille et me suis à nouveau élancé dans une troisième descente de 8 kilomètres.
A la moitié de la descente (et 40 km de course - NDLR), j’ai déposé les armes. Mes cuisses étaient cuites. J’ai continué en marchant. J’étais tellement mal en point que des promeneurs qui n’avaient rien à voir avec la course me dépassaient allègrement. Arrivé au premier village, j’ai appelé ma compagne pour qu’elle vienne me chercher. Maigre consolation : je n’étais pas le seul dans cet état. Une armée de bus attendait les éclopés pour les ramener à Chamonix ».
Fort de cette expérience, Frédéric a compris que le trail de montagne n’était pas calibré pour lui. Mais il n’a pas abandonné l’idée de boucler ses 100 kilomètres. L’année prochaine, il envisage de participer aux 100 km de Millau, un trail dont le dénivelé positif ne dépasse pas les 1.000 mètres. Six fois moins que l’ultra du Mont-Blanc ! Mais quand même...