Frédéric, le cœur en confettis

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Pendant la saison des carnavals, nous avons rencontré Frédéric. Ancien fontainier d’Eupen nouvellement promu référent planification à Aye, il est l’un des moteurs les plus joyeusement bruyants de la Laetare de Stavelot. Chez les Djoyeûs Pign'teûs, c’est lui qui pilote le char sono du groupe dans le grand cortège coloré du dimanche.

À Stavelot, quand vient le Laetare, les murs tremblent de rires et les rues s’emplissent d’un joyeux tohu-bohu. Le Laetare, c’est ce moment suspendu, coincé entre Mardi gras et Pâques, où certains masques tombent au moment où d'autres, plus drôles ceux-là, font leur apparition. Et dans cette petite ville au sud de Verviers, il ne s’agit pas d’un simple défilé : c’est une institution, une cathédrale de folie douce bâtie sur des siècles de traditions et de farces.

Aux couleurs mexicaines

« Ce que le cortège du Laetare représente pour moi, demande Frédéric ? Eh bien, c’est toute ma vie. J’ai 43 ans et je l’ai déjà fait 37 fois. C’est pas une fête qu’on regarde passer, c’est un truc qu’on porte dans le sang. Je suis chez les Djoyeûs Pign'teûs, un groupe qui existe depuis 55 ans. Mon oncle a été un des membres fondateurs. Depuis, on est toute une génération à avoir repris le flambeau : mes oncles, mes tantes, mes cousins, mes cousines… C’est une véritable affaire de famille ».

Si les célèbres Blancs Moussis, avec leur robe blanche, leur capuchon pointu et leur nez rouge proéminent, sont les têtes de gondole du Laetare et les gardiens de l’esprit stavelotain, ils ne sont pas le seul groupe folklorique à défiler dans les rues. Il y a aussi les Djoyeûs Pign'teûs, qui compte plus ou moins 200 membres. « C'est l'un des groupes les plus importants du cortège », s'enorgueillit Frédéric. Et pour que la fête soit belle, autant dire que rien n'est laissé au hasard et que tout est millimétré. Ou presque.

L'Église octroie une pause dans le Carême le dimanche de la Laetare. Mais chez nous, à Stavelot, c’est pas une pause. C’est une explosion! Avec le grand cortège, c’est la foule, les chars, les fanfares. C'est la folie dans les rues

Frédéric R.
Frédéric R., Référent Planification Marche - Bertrix - Arlon

Chez les Djoyeûs Pign'teûs, le thème du char est choisi en juin en assemblée générale. Et cette année, l'art populaire mexicain était à l'honneur dans le groupe de Frédéric. Avec les Alebrijes, des créatures fantastiques et imaginaires aux couleurs plus vives les unes que les autres. Et autant dire que costumières et maquilleuses s'en sont donné à cœur joie...

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Quelques heures avant l'heure H : maquillage et enfilage du costume © SKettani

Rien n'arrête leur char !

« En novembre, nous démontons l’ancien char pour récupérer ce qu’on peut : bois, roues, câbles… rien ne se perd. Et après, on bosse d’arrache-pied, soirée après soirée. En janvier et février, c’est presque tous les soirs que les bricoleurs se retrouvent pour construire les décors des chars. On tente toujours d’être prêts pour le vendredi avant le Laetare… Et pour financer matériaux, costumes, etc. nous faisons grossir notre cagnotte en organisant des soirées, des marches gourmandes ou des rallyes automobiles ».

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Des airs de Rio avec les Djoyeûs Pign'teûs ©laetare-stavelot.be

« Le jour J, c’est réglé comme du papier à musique. Nous sommes 200, donc tout est minuté. D’abord, il y’a le maquillage. Chacun a son créneau. C’est planifié au poil. Les maquilleuses bossent comme sur une chaîne de montage : l’une fait le contour des yeux, l’autre colle les paillettes, la suivante ajuste le rouge… et toi, tu passes de poste en poste, comme une voiture en finition. Vers 11h30, nous traversons toute la ville pour monter les chars au point de départ, puis nous redescendons fissa pour manger un bout et enfiler nos costumes. À 13h30 pile, le cortège de 2.000 participants démarre, une fanfare entre chaque groupe. Le parcours change à peine d’année en année : c’est un classique qui traverse toute la ville et se fraye un chemin parmi les quelque 35.000 spectateurs ».

Le lundi, c’est le mâssi tour qui démarre vers 15h30. C’est plus calme : les groupes passent dans les cafés et font un petit numéro au home pour les aînés. Après, c’est la soirée de clôture sous le chapiteau avec la remise des prix.

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Bain de foule pour Frédéric aux commandes de son char

Au-delà du plaisir : la reconnaissance

A Stavelot, les différents groupes folkloriques qui constituent le cortège participent d'office à un concours. Leurs prestations lors des deux cortèges : celui du samedi soir, plus petit et lumineux avec ses flambeaux et ses lasers et le grand cortège du dimanche sont soigneusement observées par un jury extérieur qui, à l'issue du week-end, remet différents prix : originalité des costumes, pertinence de la critique sociale, inventivité des chars. Et bingo, c'est le groupe cher au cœur en confettis de Frédéric qui décroche doublement la timbale : meilleure animation et premier au classement général, toutes catégories confondues.

Qu'est-ce qu'il y avait à gagner ? Rien, sauf l'honneur, la gloire locale et... le droit de recommencer l'année prochaine avec encore plus de panache. Rendez-vous est donc pris les 14, 15 et 16 mars 2026 pour le 522ème Laetare de Stavelot.

Le site officiel de la Laetare de Stavelot

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