Jean-Luc, une passion qui donne des aiiiles
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Il y a les pigeons des villes contre lesquels on peste quand ils se soulagent à qui mieux mieux sur les carrosseries de nos voitures en stationnement. Puis, il y a les pigeons des champs. Les bêtes de concours avec lesquels Jean-Luc, digne descendant d’une dynastie de colombophiles, « joue » !
Fontainier au secteur de Soignies, Jean-Luc hante les colombiers depuis son plus jeune âge. « Mon grand-père maternel et mon père jouaient déjà aux pigeons, raconte-t-il. C’est comme ça qu’on dit chez nous quand on participe à des concours. Contrairement à moi, mes aïeux élevaient des sprinters qui ne participaient qu’aux courses de vitesse de 200 kilomètres. Moi, j’élève des marathoniens : des pigeons entrainés pour voler sur de longues distances ».
Selon leurs aptitudes et leur lignée, les pigeons voyageurs ont la possibilité de participer à plusieurs types de concours : des concours de vitesse, de demi-fond ou de fond qui leur font parcourir des distances de 500 à 1.000 km.
Jean-Luc possède 3 colombiers différents : « Le premier est pour les pigeons qui participent aux concours. Le deuxième est réservé aux jeunes pigeons débutants ou encore à l’entraînement. Et le troisième héberge les couples qui nichent avec leurs petits. Je m’occupe de plus ou moins 90 pigeons chaque année ».
Comme de vrais athlètes
Chaque pigeon possède une bague placée à la patte dès la naissance (entre 8 et 10 jours). Elle équivaut à sa carte d'identité. De couleur différente chaque année, cette bague est associée à un carton d'immatriculation que le propriétaire doit garder précieusement car il sert de titre de propriété.
« Je commence l’entrainement des jeunes au mois de mars. J’ouvre leur colombier dans l’après-midi pour qu’ils aillent se dégourdir les ailes une heure ou deux. Ensuite, je les habitue au panier et au stress du transport en les lâchant à 5, puis 10 et 20 km de la maison. Quand ils sont prêts, je les envoie à 70 km par camion. Je les observe alors attentivement pour voir comment ils réagissent. Je regarde surtout s’ils ont des aptitudes particulières pour devenir des champions ».
Un bon pigeon doit être réactif et se retrouver dans les premiers à prendre la tête du peloton. Les suiveurs ne font jamais des champions !
Avant la saison des grandes courses, les « champions » comme dit Jean-Luc, sont inscrits à des courses de petit demi-fond. Ils y affutent leur condition physique. Comme de véritables athlètes, ces pigeons bénéficient d’une alimentation calibrée. Jean-Luc leur fait suivre un programme d’entrainement rigoureux.
A vos marques, prêts…
Dès qu’il sent que ses pigeons sont prêts pour la compétition, Jean-Luc les conduit à Ath ou Soignies. Ils embarquent dans des camions qui les transporteront à plusieurs centaines de kilomètres de là : à Aurillac ou Libourne pour des courses de grand demi-fond ou à Perpignan, Narbonne ou Barcelone pour des courses de grand fond. Dans ces compétitions internationales, Jean-Luc se mesure à des éleveurs de tous les pays limitrophes.
Dans les camions, les pigeons sont placés dans des paniers en osier (plombés). Ils sont tous libérés en même temps au point de lâcher. Le gagnant est le pigeon qui revient le plus rapidement à son colombier. « Il faut savoir que les pigeons reviennent toujours là où ils sont nés, quelle que soit la distance de l'endroit où ils se trouvent. Le fait de retrouver sa femelle ou son mâle est une motivation supplémentaire. Selon les conditions climatiques, un pigeon peut voler à 80 km/h durant 10 ou 12 heures ».
Voir la vidéo d'un lâcher de pigeons sur ArrasIl existe deux stratégies pour les courses : le veuvage classique où l’un des pigeons du couple reste au colombier, et le veuvage intégral où le mâle et la femelle participent au même concours et voyagent ensemble
Lorsqu’il arrive au colombier, le coursier des airs est immédiatement récupéré par son propriétaire. Il enregistre l’heure de son arrivée dans un constateur. « Il arrive que certains pigeons ne reviennent pas, car il y a beaucoup de danger sur la route : les rapaces, les chats, les câbles à haute tension, les orages qui perturbent leur orientation, etc. ».
Même les prix s’envolent !
Si la colombophilie est avant tout une affaire de passion, elle est également une question de gros sous. « Le prix d’un pigeon voyageur varie entre 200 € et 1.500.000 €, souligne Jean-Luc en souriant. Certains colombophiles sont de véritables professionnels qui brassent beaucoup d’argent. Les meilleurs pigeons se trouvent en Belgique et aux Pays-Bas. Car l’élevage et la sélection des pigeons sont avant tout une affaire de savoir-faire, de tradition et de rigueur … Quand on a la chance de tomber sur un champion, on peut gagner gros ».
Il y a quelques années, Jean-Luc avait un crac qui s’appelait Armando. Un collectionneur chinois a voulu lui racheter. « Au début, j’ai dit non. Comme il a insisté et que le prix s’est envolé, je l’ai finalement bien vendu. Actuellement, j’ai une femelle qui a fait 5e à un concours national, ce qui n’est pas mal du tout ».