Laurent, électricien cabines haute tension
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Électromécanicien en charge de la maintenance de nos installations à haute tension pour la région Ouest, Laurent jongle habilement avec l'eau et l'électricité. Ces deux éléments qui ne font pourtant pas du tout bon ménage doivent ici s'accorder, car les infrastructures de production nécessitent beaucoup d'énergie électrique. Pour un non-initié, comprendre l'univers de cet acharné survolté relève du défi mais sa passion du métier fait d’emblée baisser la tension…
Ce photoreportage ne reflète bien sûr pas l'ensemble des missions dévolues aux cinq électromécaniens chargés de s'assurer de la conformité de l'ensemble de nos cabines haute tension. Ce n'est pas le but de cette série mensuelle Une journée avec... Nous avons accompagné Laurent pendant toute une journée de travail, prise au hasard. Voici comment elle s'est déroulée..
8h30
Château d’eau de Mont-sur-Marchienne. Premier rendez-vous de la journée avec des représentants de l'entreprise sous-traitante Newelec Luminus et un technicien d’Ores. Ce jour-là, les agriculteurs bloquent plusieurs voies d’accès dans la région. Laurent doit jongler avec les retards de chacun.
8h42
Sous l'une des arcades du Diabolo (le "petit" surnom du château d'eau), Laurent repère le trajet de la tranchée et du point de perçage qui faciliteront le passage des nouveaux câbles au départ du futur nouveau raccordement électrique à front de rue. C’est actuellement la troisième vague de remplacement des cabines haute tension de nos ouvrages. Pour celui qui a travaillé à la Régie des Eaux de Charleroi, puis à l’Association Intercommunale des Eaux du Bassin de Charleroi (AIEBC), et Aquasambre, le changement, c’est la routine.
9h12
Entre le représentant du gestionnaire wallon de réseaux de distribution (Ores), l’entrepreneur et Laurent, le courant passe. Les détails techniques sont rapidement réglés. Le passage en basse tension, possible si la puissance demandée est inférieure à 50 kVA (kilovoltampères), permet une réduction des coûts d’entretien et de contrôle par un organisme agréé. Tous les 5 ans pour la basse tension contre tous les ans pour la haute tension !
kWc, kVA, kWe, kWh – qu’est-ce que c’est ?9h18
Laurent a rendez-vous sur le prochain chantier avec Kevin, son N+1 responsable du service. Par téléphone, il annonce un léger retard du convoi exceptionnel attendu sur site. On sent une grande intelligence entre les deux hommes. Laurent l’appelle «mon ingénieur». Avec son collègue Pierre, ils gèrent de A à Z, dans la région Ouest, la maintenance des installations existantes en conformité avec les exigences des normes légales (Synergrid, RGIE). Ils veillent au remplacement de celles qui vont devenir obsolètes, tout en restant attentifs à la maîtrise des coûts (voir anecdote en fin d'article).
10h18
Château d'eau de Braine-le-Comte. Sur ce nouveau chantier, les entrepreneurs sous-traitants attendent l’arrivée d'un convoi exceptionnel. Un camion transportant le poste de béton destiné à remplacer l’ancienne cabine haute tension à l’intérieur du château d’eau.
10h28
En attendant l'arrivée du nouveau poste HT, Kevin et Laurent consultent les caractéristiques de l’ancien transformateur haute tension devenu inutile. Il sera démonté et stocké. Il sera réutilisé sur un autre site ou récupéré pour un dépannage.
10h59
L'objet tant attendu s'est faufilé dans les petites rues de Braine-le-Comte avant d'être déposé au pied du château d'eau. Laurent vérifie la manutention parfaite de ce poste en béton dans lequel le nouveau transformateur est déjà intégré. Il s'agit d'un exemplaire unique conçu avec des matériaux de haute qualité qui garantissent une résistance exceptionnelle aux intempéries, aux chocs et à l'usure. Petite coquetterie obligatoire : sa façade est constituée de briquettes collées qui respectent les normes urbanistiques locales.
11h12
Atterrissage en douceur et définitif du poste préfabriqué. La lumière émoussée de janvier estompe le stress de la situation où tant de paramètres ont dû être maîtrisés. Sur le terrain, on constate que Laurent est extrêmement minutieux et attentif au moindre détail. L’implantation imposée par le permis d’urbanisme doit être scrupuleusement respectée. Deux êtres en lui cohabitent joyeusement et ont chacun leur tour : le méticuleux, sérieux, et l’autre gouailleur, jovial et bon vivant.
12h18
Station de potabilisation d'Écaussinnes. C'est là que se trouve le bureau de Laurent. Ils sont quelques TIP (techniciens en infrastructures de production) à occuper le lieu. Laurent et ses collègues ont un objectif de taille pour 2027 : faire en sorte que 100% des installations de la région Ouest soient aux normes (seulement 2% l'étaient en 2022). Parfois, il ne manque qu’un document, un plan, une fiche technique, une mise à jour pour que l’organisme certificateur évalue négativement la conformité d’une installation.
14h42
Quand il n’est pas sur le terrain, Laurent réalise tous les dossiers techniques propres à chaque installation. Ce sont les devoirs du propriétaire. Le registre obligatoire contient le rapport de l’organisme agréé, l’attestation de terre, le tableau des influences externes et tout un ensemble de documents spécifiques à l’installation. Son modèle original de dossier technique en cours dans toute sa zone est une fierté. Celle du travail bien fait et du devoir accompli.
15h11
La charge de la sécurité et la protection de ceux qui interviennent dans les installations incombe également à Laurent. Afin de sécuriser au maximum les actes techniques de ses collègues, il réalise et installe sur site toute une série de guides pratiques et de pictogrammes aux messages à caractère informatif, obligatoire, signalétique ou dangereux.
16h10
Laurent quitte Écaussinnes. Si sa vie professionnelle est toujours sous tension, Laurent s’évade sous la haute pression. C’est un plongeur diplômé qui pratique quasi toutes les semaines, souvent avec Oriana sa fille de 12 ans, l’art de s’immerger dans l’élément liquide. Un sport pratiqué en piscine, en carrière ou en mer qui nécessite aussi la prudence, le respect des consignes de sécurité loin de l’esbroufe et du tumulte de la vie.
La plongée, c'est aussi la passion de CédricEt une petite anecdote pour conclure...
Le verbe le plus utilisé par Laurent est « vérifier ». Ce terme générique constitue l’essence de son travail...
Dans le marché de mise en conformité des 105 cabines haute tension de la région Ouest, il doit également assurer la gestion des coûts. Il lui est arrivé plus d’une fois de refuser des devis de sous-traitants pour un travail qu’il réalisait lui-même pour dix fois moins cher. Récemment il a battu son record d’économie !
Une vingtaine de clés de consignation manquaient et devaient être commandées. La consignation est une procédure de mise en sécurité d'une installation. Lorsque des travaux de maintenance sont réalisés sur des installations électriques, celles-ci doivent être déchargées d’électricité par une procédure de mise hors service neutralisant les sources d'énergie. Les réparations s'effectuent alors en toute sécurité, sans que les équipements ne se remettent en marche.
Contacté par Laurent, un célèbre fournisseur allemand demandait 1.000 € par clé ! La lecture du devis lui a fait monter la tension. Grâce à quelques recherches sur Internet, Laurent a découvert qu'une entreprise française, la société Sentric, vendait ces clés à 31 € l’unité. Le comble de l'histoire, c'est que cette société française fournit l'entreprise allemenade !