Rafaël, l’homme qui danse avec les nuages
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Parachutiste émérite et champion de Belgique de chute libre en 2009, Rafaël Hostiez fait partie de ces hommes qui font vivre leur rêve. Fontainier au Centre d’Exploitation de Villers-le-Bouillet, il est également considéré comme un véritable boute en train par ses collègues. La quarantaine sportive, son regard s’allume lorsqu’il évoque sa passion.
La surprenante histoire de ce fan de sensations fortes commence un peu par hasard. En 2007 pour être précis. Alors qu’il travaille chez Arcelor Mittal, il confie à un collègue de travail qu’il se verrait bien faire quelque chose d’un peu fou pour fêter ses 27 ans. Et pourquoi pas un saut en parachute, lui souffle à l’oreille son ami ? Chiche ! Sans plus attendre, les deux compères se rendent à l’aérodrome de Spa pour effectuer un saut en tandem avec un moniteur.
« À l’époque, je fréquentais déjà tous les parcs d’attraction pour me donner des frissons , confie Rafaël. Je voulais en fait vivre pleinement ma vie. En grimpant dans l’avion qui devait nous larguer à 4.000 mètres d’altitude, j’étais déjà tout excité.
Dans le ciel espagnol
À l’atterrissage, un responsable du club l’interpelle et lui demande la raison de ce second saut. Car en général, les amateurs n’en font qu’un. Rafaël lui explique qu’il avait pris tellement de plaisir à son premier essai qu’il en rêvait même la nuit : « Dans la foulée, il m’a proposé de passer le brevet de parachutiste AFF (Accelerated Free Fall) pour pouvoir sauter en solo quand je le souhaitais. Je devais juste effectuer 7 sauts et suivre 6 heures de cours avant de passer un examen. Comme nous étions en septembre et que la saison se terminait en octobre, il m’a proposé de revenir en avril ».
Rafaël désespère de devoir attendre six mois… Devant la mine dépitée de ce nouvel adepte hyper motivé, le président du club lui propose alors de participer au stage de Noël, en Espagne. « Le temps de convaincre ma femme, et je me retrouve sous le soleil de Castellón, où je passe et réussi mon brevet ». Le ciel s'offrait à lui !
Des chutes à 200 km/heure
« J’ai ensuite pris ma licence en avril 2008 en Belgique où j’ai pu sauter en solo. Mais très vite, j’ai commencé à m’ennuyer. J’ai alors convaincu mon ami du boulot de passer son brevet pour qu’on puisse sauter ensemble. Pour pouvoir sauter en groupe, j’ai dû passer un autre brevet avec un moniteur. À l’issue de quelques sauts et d’un petit examen pratique, il a jugé que je pouvais « voler » avec d’autres parachutistes. Comme on chute à 200 km/h, il faut en effet connaître les bons gestes pour éviter de se percuter et pouvoir s’agripper en douceur si nécessaire »
Avec la fougue qui le caractérise, Rafaël décide alors de passer un troisième brevet pour devenir lui-même moniteur et instructeur. Sa motivation ? Pouvoir sauter le plus souvent possible sans devoir se ruiner : « Même si on se dit que quand on aime, on ne compte pas, le parachutisme est un sport qui revient tout de même assez cher ! Un vol de baptême en tandem coûte plus ou moins 250 €. Avec les vols, les stages à l’étranger, le harnais, les caméras vidéo, la rémunération des instructeurs, etc. ma première année m’a coûté 18.000 € ».
Je devais absolument trouver une solution pour sauter sans me ruiner. J’ai alors décidé de devenir moniteur pour faire payer mes sauts par les stagiaires qui voulaient bénéficier de mes conseils.
Champion de Belgique en 2009
Spécialiste du « vol relatif » qui consiste à effectuer des figures à plusieurs dans le ciel, Rafaël ne tarde pas à se faire remarquer. En 2009, on lui demande de représenter le club, avec 3 autres parachutistes, au championnat de Belgique qui se tient à Cerfontaine (près des Lacs de l’Eau d’Heure).
« Avec mes coéquipiers, nous avons effectué plus de 200 sauts pour mettre au point nos figures. Pour le championnat, nous avons effectué 10 sauts et exécuté à chaque saut 4 figures différentes, soit 40 figures en tout. Comme nous étions largués à 3.200 m et que nos parachutes s’ouvraient à 1.000 m, nous avions 50 secondes pour exécuter parfaitement les quatre figures le plus de fois possible. Nous avons été jugés par un jury sur base des vidéos que nous avions réalisées … et nous avons gagné. »
Réaliser le rêve d’enfant d’un centenaire
Aujourd’hui, Rafaël est considéré comme l’un des instructeurs les plus talentueux et les plus inventifs de la discipline. Malgré les années, sa passion reste intacte et pas un jour ne se passe sans qu’il ne pense à danser avec les nuages.
Mon souvenir le plus marquant ? Le jour où un grand-père centenaire s’est rendu au club pour réaliser son rêve avant de mourir : sauter en parachute.
« La veille, un brave petit monsieur de 104 ans était venu voir son fils participer à un saut en tandem, raconte Rafaël. Avant de partir, il nous a pris à part et nous a dit qu’il revenait le lendemain pour sauter… mais qu’il ne fallait surtout rien dire à son fils. Le lendemain, il était là avec son chien. Il avait fait la route Bruxelles-Spa tout seul avec sa petite voiture. Je me souviendrai toujours de son sourire quand il a grimpé dans l’avion. Et de sa joie immense à l’atterrissage … il avait rajeuni d’au moins nonante ans (rires) ».
Un saut en parachute vous tente au-dessus de Spa ?BONUS - Rafaël dans les airs, Rafaël sur terre
En avril dernier, lors du confinement, Rafaël et son équipier du CE de Villers-le-Bouillet avaient été filmés sur un chantier de réparation de fuite à Waremme par une équipe de la RTBF. Sept mois plus tard, le coronavirus fait toujours des ravages. Les équipes sur le terrain continuent à assurer notre mission essentielle pour les besoins de la population, mais en limitant les interventions aux urgences : fuite importante, nouveau raccordement ou problème de qualité d'eau.