Rémy, ingénieur investissements
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Depuis son entrée en fonction à la SWDE en 1994, Rémy a occupé plusieurs fonctions et connu plusieurs affectations : Arlon, Nisramont, Marche. Son port d'attache est aujourd'hui à Loyers. Son quotidien : analyser, programmer, organiser, chiffrer les investissements souhaités par ses collègues ingénieurs Maintenance et Exploitation et assurer leur suivi jusqu’à la fin des travaux.
Ce photoreportage ne reflète bien sûr pas l'ensemble des missions dévolues aux ingénieurs en charge des investissements. Ce n'est pas le but de cette série mensuelle Une journée avec... Nous avons accompagné Rémy pendant toute une journée de travail, prise au hasard. Voici comment elle s'est déroulée..
8h47
Loyers - Quand il arrive dans nos bureaux namurois, Rémy passe différents coups de fil pour s'informer de l'état d'avancement des chantiers en cours et à venir. L'outil de référence pour la coordination de ces travaux en voirie, c'est Powalco : la plateforme informatique unique de la Région Wallonne. Elle simplifie les contacts entre les différents impétrants tels que les communes, Voo, Proximus, Fluxys, Resa, Orès, etc. Mais, pour Rémy, une conversation vaut mieux que plusieurs clics… Il a d’ailleurs initié à la SWDE un projet appelé Boost Powalco destiné à fluidifier cette coordination.
9h03
La réunion d’équipe hebdomadaire va commencer. Avec Olivier, son responsable du bureau d’assistance technique pour la région Namur/Luxembourg et Alain, le coordinateur des Flux II. Avant d'entamer la réunion, tous se replongent dans les détails de leurs dossiers. Dans cette salle appelée Danube, on sent que l’administration des chantiers peut être une navigation en eaux troubles. Il faut gérer des enjeux régionaux complexes, travailler avec des élus, obtenir des autorisations, trouver des accords, respecter les timings imposés, juguler des coûts…
En savoir plus sur Flux II9h40
Si Rémy est à l’évidence un leader, il fait partie de ceux dont l’autorité s’impose naturellement, non pas par sa position dans l’organigramme, mais grâce à de solides connaissances assimilées sur le terrain dans ses fonctions précédentes. Il use adroitement de ses acquis et de son sens des responsabilités pour se faire entendre et insuffler une dynamique de progrès. Ses bras droits (qui sont tous deux gauchers), disent de lui qu’il est ouvert au dialogue. La prise de décision est toujours collective.
10h34
La réunion initiale est terminée. L’ingénieur industriel diplômé de Virton étudie le dossier suivant. Dans la vie privée, Rémy est un randonneur. Il termine bientôt le GR 16, le sentier de la Semois. Au départ d’Arlon-la-romaine, l’itinéraire transite par Florenville, Herbeumont, Bouillon et lézarde jusqu’à la Meuse. Il dit qu’après une journée assis, la marche l’aide à faire le vide, à éliminer les idées toxiques et voir les problèmes différemment.
11h14
Réunion délicate avec un entrepreneur venu réclamer plus de budget pour un chantier en cours. Les arguments du sous-traitant sont écoutés... Fin négociateur, Rémy a revu le dossier d’adjudication et l’offre de l’entreprise, le milieu des opérations, la situation, l’environnement et les imprévus qui sous-tendent les processus de négociation.
12h19
Namur - Rémy se rend sur un futur chantier au lieu-dit de la Tienne de Hola. Une conduite à remplacer serpente sous ce sentier qui part de l’église orthodoxe pour rejoindre la Meuse. La pente qui dépasse parfois les 12% n’indispose nullement l’ingénieur randonneur. Rémy est dans ses éléments. En revanche le sous-traitant qui devra œuvrer ici aura de sérieuses difficultés techniques à résoudre. Elles seront toutes consignées dans les notes de l’ingénieur qui doit toujours imaginer l'exécution d’un futur chantier en étant dans la peau de l'entrepreneur final. Pour les détails, on peut faire confiance à Rémy, déjà qu’il veille particulièrement à l’accent et à l’i grec de son prénom…
12h27
Le terrain ne ment jamais. Rémy découvre que le tracé prévu pour la future conduite est chaotique. Selon les plans, elle passerait ici sous l’escalier. De nouvelles études seront nécessaires pour obtenir les autorisations, réaliser les métrés et calculer les coûts de cet investissement avant de lancer la procédure de marché public. Si Google Maps a remplacé nombre de visites de terrain, l’application n’empêche pas l’ingénieur, quand cela s’avère nécessaire, de déambuler dans le vrai monde.
12h35
Dans un bureau naturel éphémère, Rémy consigne ses observations dans son cahier de notes. Il peut déjà confirmer que ce futur chantier sera complexe. Il ne doute pas que le rendement d'exécution sera faible, compte tenu du chemin d'accès difficile et étroit, d'une dalle en béton et d'un escalier à traverser.
13h32
Gesves - Dans ce pays où, selon le dicton « l'eau fait chanter la pierre », Rémy y retrouve Yannick, l'alter ego de Alain. Les travaux exécutés chaque année à la suite des études de Rémy et de ses équipes tournent en moyenne autour des 11 millions € ! Depuis le début de sa carrière, il estime avoir supervisé pour plus de 250 millions € d’investissements. Il dit l'avoir fait en bon père de famille : « Comme si c’était mon argent ! »
14h29
Retour à Loyers - Le projet Boost Powalco est à l'ordre du jour de cette nouvelle réunion. Rémy en profite pour ingurgiter deux tartines en s’excusant auprès des participants pour un léger retard dû à une déviation saugrenue. L’objectif de la discussion est de définir une méthodologie permettant à la SWDE de respecter le décret « Impétrant » fixé par le législateur wallon, tout en y trouvant des opportunités d'investissements. Du pain sur la planche.
16h12
Enfin à son bureau, au calme. Trente-huit mails à lire. Rémy fait le tri entre l’urgent et le « Pour info ».
17h12
Fin de journée. Les chaussures de sécurité retrouvent leur place dans le coffre de la voiture. Rémy aura ses chantiers en tête jusqu’à son domicile de Bertrix. Son travail est complexe, l’approximation n’a pas sa place. Chaque situation doit être finement analysée d'un point de vue technique et le degré de difficulté parfaitement défini . La qualité et la durabilité des investissements à venir en dépend.
Et une petite anecdote pour conclure...
Dans le cadre de la hiérarchisation des investissements, Rémy avait développé un algorithme qui permettait de coter sur dix chaque investissement en fonction de tout un tas de critères objectifs agglomérés reprenant la qualité de l’eau, la nature et le diamètre de la conduite, la présence de fuites, le rendement du réseau, le coût de la réparation etc. Transparent et facile d’utilisation, l’outil informatique avait été validé par le Comité de Direction et s’était imposé dans la société. Des formations ont eu lieu sur « l’outil de Rémy » devenu un anthroponyme au même titre qu’un bic, une béchamel, un bottin, ou une praline !
Un jour, un confrère d’une société sœur l’appelle pour mieux maitriser « le Rémy » sans même savoir qu’il en était l’inventeur.
La gloire fut éphémère, puisqu'un bureau d’étude français a été commandité par la SWDE pour mettre au point un nouvel outil plus performant. C’est le projet « Gestion Patrimoniale Multi-Echelles des réseaux d’eau potable » (GePaME), fruit d’une collaboration de recherche interdisciplinaire de gestion patrimoniale des réseaux.
Que notre ingénieur, qui ne s’est jamais considéré comme dépositaire de l’utilisation officielle et unique de son outil, et qui n’en tire ni gloire, ni amertume de l’avoir perdu, se rassure. Ils durent se mettre à plusieurs pour détrôner son outil. Aucun inventeur ne doit jamais renoncer à enchanter le réel…
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