La Louvière : un déménagement entre larmes et sourires
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C’est fait ! Les secteurs de la Louvière et Soignies se sont rejoints dans leurs nouveaux locaux modernes de Seneffe. Si le déménagement et la fusion des équipes se sont déroulés sans accrocs, certains cœurs sont pourtant restés gros. L’occasion d’évoquer quelques anecdotes et le déménagement mené tambour battant avec Serge, contremaître RF à La Louvière.
Blottie entre deux façades de la Chaussée du Pont du Sart à Houdeng-Aimeries, l’entrée du secteur de La Louvière n’est pas facilement repérable. Qu’à cela ne tienne ! Serge a endossé son gilet jaune et nous attend sur la chaussée pour nous indiquer l‘entrée du parking. Sourire aux lèvres, il nous accueille avec un tonitruant : « Pas facile à trouver, hein ? ».
Un travail physique mais gratifiant
Serge est ce qu’on appelle un vieux de la vieille. Bientôt pensionné (juin 2024), il a débuté sa carrière comme manœuvre au secteur de La Louvière en 1984. « À l’époque, le travail était très physique et les conditions de travail plutôt basiques. Sur les chantiers, notre équipement se limitait à une pioche et une pelle. Et il fallait faire avec. Nous étions une vingtaine sur le secteur et tout le monde avait son rôle. Comme je travaillais surtout à la recherche de fuites, nous analysions chaque matin les cellules pour repérer les consommations d’eau anormales. Nous disposions de 6 camionnettes Hanomag munies de deux sièges à l’avant et d’une plateforme à l’arrière. Pour aller sur les chantiers, nous grimpions à l’arrière et on s’asseyait sur notre caisse à outils, au milieu de l’équipement que nous avions embarqué. On nous déposait alors sur site et on venait nous rechercher sur le coup de 16h00. »
Les toilettes sont dans la cour
De ces années, Serge garde un souvenir ému. Certes, les petits locaux de briques blottis au pied des deux châteaux d’eau étaient des plus sommaires. Mais les souvenirs qu’il en retire sont à jamais gravés dans sa mémoire. « Dans l’atelier qui faisait aussi office de réfectoire et de vestiaire, nous disposions d’un poêle à charbon qu’il fallait allumer et charger tous les matins. Nous avions une petite douche avec un rideau, mais nous devions sortir et nous rendre dans une cabane qui nous tenait lieu de toilette. »
Nous étions tous solidaires
Durant les coups durs, il nous arrivait de loger sur place et de manger la soupe du CPAS. L’ambiance était excellente et nous étions tous solidaires.
« Quand j’allais réparer une fuite et que je n’avais pas fini, mes collègues venaient m’aider. Aujourd’hui, on ne voit plus ça ! Et quand on fêtait la Sainte-Barbe, tout le monde répondait présent. Les jeunes qui participaient à leur première Sainte-Barbe se voyaient confisquer leur portefeuille. Ils pouvaient boire et manger aux frais de la princesse, car c’étaient les anciens qui prenaient tout en charge. Nous étions tous très attachés à notre secteur et à nos collègues. On se retrouvait souvent en dehors de nos heures de travail pour aller boire un coup ou aller à la pêche. Un de nos compagnons qui était assez créatif avait même construit une fontaine au pied des châteaux d’eau. »
Après une dizaine d’années sur le terrain comme ouvrier, Serge se décide à passer l’examen de contremaître. Casquette qu’il porte depuis 2008.
Personne n’aime le changement, mais…
À la veille du grand déménagement vers Seneffe, le secteur de La Louvière bourdonne comme une ruche. Les équipes sur place s’occupent de remplir les caisses et de préparer le matériel à embarquer. Les véhicules entrent et sortent du secteur. Si les blagues fusent de temps en temps au réfectoire, l’ambiance reste cependant un peu tendue. « Ce n’est jamais facile de quitter un endroit où l’on a travaillé durant des années, explique Serge. Beaucoup de gars ici en ont gros sur le cœur. Et même si l’on sait que les locaux de Seneffe disposent de tout le confort moderne, personne n’aime le changement. Je suis persuadé que dans quelques semaines, tout sera rentré dans l’ordre. Les équipes de Soignies et de La Louvière auront appris à se connaître et s’apprécier. »
Le nouveau secteur de Seneffe ouvre ses portesL’ambiance a toujours été bon enfant à La Louvière. C’était un secteur convivial et familial… on y était super bien. Une belle époque !
Bonsaïs !
Le regard de Serge se porte alors vers un bouquet de vieux marronniers plantés en bordure du secteur. « La première année de mon arrivée ici, j’ai ramassé quelques marrons alors que ces arbres étaient beaucoup plus jeunes. Sur conseil d’un collège, je les ai fait germer pour en faire des bonsaïs… qui sont maintenant devenus de vénérables arbres miniatures dans mon jardin. Ils ont aujourd’hui 41 ans. »
Il est vrai que dans ces conditions, quitter cet endroit pour toujours peut un peu pincer le cœur.