« Lorsque nous avons repris le réseau de Fauvillers, nous nous attendions au pire ! »
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La reprise d’un réseau communal réserve souvent son lot de surprises pour les centres d’exploitation. Rarement des bonnes : canalisations en piteux état, fuites à gogo, qualité de l’eau aléatoire, etc. Comment les équipes d’Arlon ont vécu la reprise de Fauvillers il y a 5 ans ? Chef d’exploitation de notre CE le plus au sud de la Wallonie, Damien se souvient…
Comment vos équipes ont-elles abordé cette reprise du réseau ?
Damien : Même si j’ai suivi l’affaire de près à l’époque, je n’ai pas été impliqué directement dans les discussions de la reprise. Ce n’est que fin 2016 qu’on nous a annoncé que le centre d’exploitation d’Arlon allait prendre en charge la gestion du réseau de Fauvillers. Nous nous sommes organisés en conséquence. Lorsque les modalités de reprise ont été clôturées, une de nos équipes a fait le tour de la commune avec l’échevin des travaux, mais aussi les deux fontainiers communaux que nous avions engagés.
Sur le terrain, nos équipes ont appris à connaître progressivement le réseau lors de fuites, de réparations ou d’installation de nouveaux équipements. L’expérience des anciens fontainiers nous a fait gagner énormément de temps.
Justement, comment s’est passée l’intégration des deux fontainiers communaux ?
Dès qu’ils ont rejoint nos équipes, Rudy et Philippe se sont parfaitement bien intégrés. Ils ont montré beaucoup de bonne volonté pour transmettre leurs connaissances. Avec eux, nous avons tout de suite fait le tour complet du réseau de Fauvillers afin de repérer les équipements défectueux ou qui risquaient de lâcher.
Depuis la reprise du réseau en 2016, nous avons installé la télégestion. Nous avons aussi changé plus d’une centaine d’appareils et d’équipements : vannes, compteurs, raccordements, bouches d’incendie, etc.
L’état du réseau tel que vous l’avez découvert avec vos équipes ne vous a pas trop effrayé ?
Très honnêtement, nous nous attendions au pire. Il nous arrive parfois de vivre de véritables galères en reprenant un réseau communal. Là, l’ensemble était vétuste, mais encore très fonctionnel. Le gros avantage que nous avions, c’est que la SWDE vendait déjà de l’eau à la commune depuis des années.
Nous étions assurés de disposer d’une ressource suffisante pour approvisionner tous les habitants. Dans certains cas, il nous arrive de reprendre un réseau alimenté par de petits captages qui s’épuisent rapidement en cas de sécheresse. Lors de la reprise de Fauvillers, la SWDE fournissait 100% de l’eau consommée, car leur dernier captage était tombé en panne quelques mois auparavant.
Relire : Fauvillers - La guerre de l'eauFinalement, la reprise de Fauvillers n’a pas été celle qui vous a causé le plus de problèmes…
En effet ! Reprendre un réseau situé en zone rurale n’est pas vraiment problématique. Ce n’est pas comme si on devait travailler dans une agglomération comme Arlon. Dans ce type de commune, seules les distances et l’étendue du réseau sont surprenantes. Il peut y avoir des kilomètres de conduites sans raccordement et il nous arrive de devoir rouler 20 minutes pour aller d’un village à l’autre.
Vous avez quand même bien rencontré quelques petits problèmes à devoir résoudre rapidement ?
À certains endroits, nous avons constaté de l’eau rouge dans les canalisations. L’eau pompée au captage de Fauvillers contenait beaucoup de fer. Mais c’était loin d’être grave… Comme nous l’avions fait à Martelange lors de la reprise du réseau de la commune, nous avons procédé à un nettoyage air et eau pour purger les tuyaux. C’est-à-dire que nous avons injecté de l’air comprimé dans les conduites et les remous ont décroché les dépôts ferrugineux.
Le bourgmestre de Fauvillers nous a parlé d’une fuite particulière survenue sous la N4, peu de temps après la reprise. L’endroit est pour le moins scabreux. Comme êtes-vous parvenus à résoudre le problème ?
Pour la commune de Fauvillers, il est vrai que les réparations de cette fuite auraient été très compliquées… Pas pour nous. C’est notre quotidien et nous étions tout à fait équipés pour intervenir rapidement.
La seule difficulté était de devoir réparer la fuite sans toucher à la N4 dont le revêtement venait d’être renouvelé. Nous avons tout simplement glissé de nouvelles conduites dans les anciennes.
Pour ne pas priver d’eau potable les habitants des alentours, nous avons envisagé d’autres ressources que celle du château d’eau de Sainlez. Seules 3 ou 4 habitations ont été privées d’eau durant toute la durée des travaux. L’échevin des travaux est même venu nous voir pour nous remercier. Selon lui, si la SWDE n’avait pas pris les choses en mains, les conséquences de cette fuite auraient été catastrophiques.
Et l’accueil des habitants ?
Nous savions qu’une majorité de la population avait voté contre la reprise du réseau. Nous avions peur d’être mal reçus… mais ça n’a jamais été le cas. Les gens voyaient bien que nous étions actifs sur le réseau et qu’ils ne subissaient aucune perturbation notoire.
Certains habitants moins bien lunés trouvaient que le goût de l’eau avait changé… mais c’était purement psychologique, car ça faisait des mois que l’eau distribuée provenait du barrage de Nisramont.
Et par l’administration communale ?
J’ai beaucoup communiqué avec la commune. Pour chaque intervention, j’envoyais un mail à l’échevin afin qu’il soit au courant et puisse relayer l’information auprès des habitants.
Il faut dire que proportionnellement à la taille du réseau, nous nous sommes beaucoup investis et nous avons fait bien plus que ce qui était prévu dans l’accord initial de reprise. À tel point que la commune n’a pas hésité à envoyer un toute boite aux habitants pour expliquer tout ce que nous avions accompli sur place.