Plus une goutte pour les Loups - Épisode 3

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En ce début d’année 2009, la crise bat son plein dans la Cité des Loups. La ville et ses faubourgs ressemblent à un désert en plein hiver. Le nombre de raccordements sans eau est impressionnant : plus de 30.000 ! Au centre d’exploitation, une longue et éprouvante lutte contre un ennemi souvent invisible a commencé. Taïaut sur les fuites au saisissant pouvoir reproducteur...

« Si les fuites qui se déclaraient en voirie étaient plus facilement repérables, d’autres l’étaient beaucoup moins, se rappelle Grégory Pia, chef de secteur à La Louvière à cette époque. Sans compter que beaucoup de raccordements et de compteurs lâchaient également chez nos clients... »

L'épisode 2

Un plan de bataille s’impose. Les équipes de recherche fuites se concentrent d’abord sur celles qui marquent leur territoire en surface. « Il y avait des fuites dans tous les coins, c’était hallucinant, s'étonne encore Didier Fagot, opérateur de recherche de fuites en 2009 ! C’est bien simple, nos interventions ont été multipliées par 50 par rapport à la normale. Sitôt que nous avions repéré et isolé une fuite, nous foncions dans un autre endroit de la ville. Pendant 15 jours consécutifs, nous avons répété cette manœuvre pour permettre aux collègues fontainiers de terrasser les pieds plus ou moins au sec. »

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"Nous avons beaucoup travaillé sur plan pour établir des liens entre les châteaux d’eau et les zones qu’ils alimentaient"

La tombée du jour est le moment propice pour traquer les fuites les plus sournoises. Celles que l’on ne voit pas. « Les opérations de nuit ont consisté à repérer les fuites cachées en comparant les variations de débit en fonction des vannes que nous fermions. Lorsque nous constations qu’un château d’eau se remplissait à nouveau, nous savions que nous avions isolé un quartier lourdement touché par des fuites. Et que c’était là que nous devions concentrer nos efforts. ».

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Didier Fagot isole un quartier de La Louvière devant les caméras des équipes de nuit de la RTBF

Pour ajuster nos recherches, nous avons fait appel à tous les anciens qui connaissaient le réseau sur le bout des doigts. Nous avons même placé des hommes dans les châteaux d’eau pour mesurer les variations de niveau en temps réel.

Didier Fagot
Didier Fagot, Contremaître - CE de La Louvière

Conjuguées aux ruptures de canalisations en voirie, les fuites provoquées par les compteurs gelés chez des particuliers ou dans des entreprises sont tout autant responsables du mauvais remplissage des châteaux d’eau.

Lorsque nous avions des suspicions de fuite dans des bâtiments inoccupés, nous avions recours à la police pour enfoncer les portes. Les services des logements sociaux nous ont également beaucoup aidé en organisant des tournées d’inspection dans les maisons vides.

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Grégory Pia, Surveillant de marchés Distribution - Mons

C’est bien connu, un malheur n’arrive jamais seul. Alors que les Louviérois comptent sur la centaine de milliers de berlingots d’eau potable fournis par la Protection civile, leur unité de fabrication rend l’âme au plus mauvais moment. Face à ce nouveau coup du sort, la SWDE décide d’apporter sa grosse pierre à l’édifice en palliant l’insuffisance de berlingots par l’achat de 10.000 jerricanes de 10 litres. Ces bidons sont remplis à la station de captage d’Ecaussinnes par les équipes de la Production.

Plus jamais ça !

Pour Didier Fagot, comme pour beaucoup, cette situation d’approvisionnement interrompu pour des raisons techniques (et non pas pour des raisons dues à une pollution) est exceptionnelle à plus d’un titre : « Je n’avais jamais connu une crise de cette ampleur, avec des coupures d’eau aussi longues. Durant certains hivers plus rigoureux, nous avions l’habitude de vivre des épisodes marqués par d’aussi nombreuses fuites. Mais nos châteaux d’eau n’avaient pas lâché !»

Traits communs à l’ensemble de ceux qui ont œuvré pour résoudre la crise : l’engagement et l’opiniâtreté. A La Louvière et partout ailleurs sur le réseau, nous avons été plus de 900, tous métiers confondus, à être mobilisés durant ce mois de janvier 2009. Le forcing a été payant.

« J’ai été frappé par deux choses, conclut Didier : l’excellente entente entre tous les collègues et les encouragements de la population. Personne n’a jamais rouspété à cause du manque d’eau. La plupart des habitants étaient même derrière nous car ils savaient que nous faisions le maximum pour rétablir la fourniture. »

Les chiffres de la crise de 2009