Rudy : le maillon fort du réseau de Fauvillers

Rudy Louis Cover

Les reprises de réseau s’accompagnent souvent d’un transfert de personnel. Idéalement, des gens qui connaissent le métier et les spécificités du terrain. C’est ainsi que Philippe et Rudy ont rejoint, en 2016, les rangs de la SWDE. Ils ont été de véritables passeurs de connaissances pour leurs nouveaux collègues du centre d’exploitation d’Arlon. Rudy a accepté de remonter le temps pour évoquer, telle qu'il l'a vécue, la cession de Fauvillers à la SWDE.

J’ai commencé à travailler à Fauvillers en 2006 comme ouvrier polyvalent. Philippe était fontainier et chef des travaux. A l’époque, il était débordé. Il m’a demandé de le seconder en tant que fontainier. Avec le temps, je suis devenu fontainier à temps plein.

Rudy
Rudy , Ancien fontainier de Fauvillers

A la commune, disposiez-vous de tous les moyens nécessaires pour exercer votre métier ?

Rudy : Même s’il était un peu vétuste, le réseau restait fiable. Nous intervenions assez rarement pour des fuites. Et le cas échéant, nous avions mis au point de petites procédures qui tenaient la route. Car nous n’avions bien entendu pas les mêmes moyens de détection de fuites qu'à la SWDE...

Je vous donne un exemple. Sur la commune, le château d’eau de Fauvillers était alimenté à 80% par un captage local. Tous les jours, je me rendais sur les deux ouvrages pour contrôler les niveaux et les consommations. Comme je connaissais les habitudes de consommation quotidienne des habitants, je pouvais détecter la présence d'anomalies… et donc des fuites. Au niveau de Fauvillers par exemple, la consommation variait entre 100 et 110 m3/jour. Quand les relevés restaient dans cette fourchette, c’est que tout était normal. Si la consommation passait à 120 puis le lendemain à 130 m3/jour, c’est qu’il y avait un problème. Comme je disposais de petits compteurs intermédiaires à plusieurs endroits, je faisais des relevés successifs pour repérer la zone où se trouvait la fuite. Je savais que tel village consommait par exemple 15 litres/minute, si j’étais à 30, c’est qu’il y avait un problème. Dans le village, je commençais alors ma tournée de vérification. Je contrôlais toutes les vannes jusqu’à ce que je puisse isoler la fuite.

Lorsque j’avais repéré plus ou moins la zone de fuite, je faisais appel au monsieur « fuite » de la province du Luxembourg. Avec ses vieux appareils de détection, il nous fallait parfois plusieurs jours pour la trouver. Bref, on se débrouillait.

Qu’est-ce qui vous a le plus frappé lorsque vous avez intégré les équipes de la SWDE ?

Le professionnalisme des équipes et les moyens mis en œuvre pour accomplir les tâches. Je me souviens qu’un des premiers gros chantiers a été de remplacer les vannes au village de Fauvillers. Pour le remplacement d’une quinzaine de vannes, le travail a été effectué en une journée. Si le réseau était resté communal, l’entité aurait eu du mal à acheter 15 vannes d’un coup. Et comme j’étais quasiment seul pour effectuer tous les travaux sur le réseau, le chantier m’aurait pris près d’une année. Il n'a fallu qu'un jour pour la SWDE. Je ne pouvais pas couper l’eau durant toute une semaine et priver les habitants.

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Aujourd'hui, Rudy, l'ancien fontainier de Fauvillers a intégré les équipes de remplacement systématique des compteurs (RSCO) de la zone Est

Pensez-vous que le réseau aurait pu rester communal ?

En toute honnêteté, je pense bien que oui. Je ne dispose bien entendu pas des chiffres, mais la situation n’était pas, à mon sens, aussi problématique que ça. Les investissements – car il en faut pour maintenir un réseau en état – auraient pu se faire progressivement. Mon sentiment est que la commune a voulu s’ôter une épine du pied. Évacuer le problème en quelque sorte…

Lors des débats “réseau communal ou réseau SWDE”, selon certaines personnes, le réseau « éclatait » de partout et nous n’étions plus capables de le gérer correctement. Ce n’était pas dit comme ça, mais c’était ce qu’on pouvait comprendre. C’était injuste car nous faisions tout notre possible pour que les habitants aient de l’eau.

A l’époque, j’ai lu et entendu beaucoup de choses loufoques. Même les citoyens s’en mêlaient et ça devenait folklorique. J’ai même entendu dire que si la remise ne se faisait pas, la commune serait obligée d’investir dans un laboratoire pour contrôler l’eau trois fois par jour. C’était du grand n’importe quoi !

Relire: Fauvillers, la guerre de l'eau

Regrettez-vous que les choses se soient passées ainsi ?

Pas du tout ! Je suis personnellement très content que le réseau ait été remis à la SWDE. Je suis beaucoup mieux ici. Tous mes interlocuteurs sont des gens de métier qui savent de quoi ils parlent. En plus, nous disposons de tous les moyens et des outils modernes pour faire du bon boulot. C’est très gratifiant. Je travaille maintenant pour les petites interventions chez les clients. Lorsque je suis confronté à un problème que je ne sais pas solutionner, je peux toujours contacter un autre collègue pour en discuter.

Je rends des comptes uniquement à mon chef et mes journées sont cadrées. Je commence à 8h pour terminer à 16h30. Quand je travaillais à la commune, les habitants avaient mon numéro. Ils téléphonaient directement à mon domicile lorsqu’ils avaient un problème… et ce 7 jours sur 7!

Quelle relation entretenez-vous avec vos collègues ?

À Arlon, l’ambiance est excellente. En arrivant dans l’équipe, j’avais l’avantage de connaître mon métier. Ils ont apprécié mon savoir-faire, notamment quand il fallait intervenir à Fauvillers. Lors des gardes, tous les collègues savent qu’ils peuvent m’appeler si quelque chose se passe à Fauvillers. Je suis toujours prêt à les aider.

C’était la même chose avec Philippe , le second fontainier engagé lors de la reprise. Il était à deux ans de la pension. Il aurait pu faire trainer les choses. Mais il a insisté pour intégrer les équipes de la SWDE. Il était même le premier à descendre dans les trous pour réparer les fuites. Lorsqu’il a pris sa pension, il a invité tous les collègues du centre d'exploitation. Et quand ils passent par Fauvillers, il y a toujours, chez Philippe, une tasse de café qui les attend. Récemment, son épouse est même venue apporter des quiches lors de la pause d’une équipe.

Philippe-Dewez
Même en fin de carrière, Philippe, l'autre fontainier de Fauvillers ne rechignait pas à descendre dans la tranchée
Relire : la reprise de Fauvillers vue par les équipes d'Arlon

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