Turbines à l'arrêt... momentanément ?
- Catégorie
- Notre eau
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Et si l'eau circulant dans nos ouvrages produisait aussi de l'électricité ? Pas si saugrenue que ça, l'idée a germé. Plébiscitée par « Nos idées ont de la valeur », elle a été disséquée, triturée, explorée sous tous les angles possibles. L'intégration de microturbines dans nos canalisations est-elle, dès lors, une solution énergétique faisable et rentable ?
Ils ont été plusieurs à avoir la même intuition au même moment, à l'occasion de la troisième édition de la campagne « Nos idées ont de la valeur » en 2024 : exploiter l’énergie du flux d’eau dans nos conduites pour produire de l’électricité (lire notre article). Une idée simple, presque évidente. Et pourtant… derrière cette simplicité apparente, un projet riche, exigeant, et qui s'est heurté à quelques réalités de terrain.
Il y a des conduites qui brassent de grandes quantités d’eau. On s’est dit qu’il y avait là une énergie naturelle disponible, et qu’il serait dommage de ne pas essayer d’en faire quelque chose

Le constat - Chaque jour, des milliers de mètres cubes d’eau circulent dans nos réseaux, souvent sous pression. Cette force hydraulique, si elle était récupérée, pourrait alimenter en électricité certains ouvrages. À l’heure où la maîtrise énergétique devient un enjeu crucial, l’idée de valoriser cette énergie « gratuite » avait de quoi séduire.
L'ambition - L'équipe de travail constituée de Michel, Luc, Daniel et Laurent (de la CILE) a exploré deux pistes prioritaires :
- donner de l'autonomie énergétique à certains ouvrages isolés, qui fonctionnent aujourd'hui avec des dataloggers (enregistreurs de données) alimentés par batterie. Leur faiblesse : un rythme de transmission d'information insuffisant en cas d'alerte, notamment. Par exemple, lorsque la hauteur d'eau stockée dans un réservoir approche un niveau critique...
- réduire la facture énergétique de nos sites de production gros consommateurs comme notre station de potabilisation de Eupen (photo de couverture)
L’objectif ? Insérer des microturbines dans les conduites, afin que le passage de l’eau entraîne une génératrice électrique. Une solution propre, renouvelable et, si les conditions s’y prêtent, économiquement intéressante.

Les difficultés - Sur papier, le potentiel semblait prometteur. Sur le terrain, les choses se sont révélées plus complexes.
- Côté ouvrages isolés, plusieurs alternatives ont déjà été testées comme l'installation de panneaux photovoltaïques ou de mini-éoliennes… Mais leurs exigences de maintenance ou leur exposition aux vols, par exemple, ont freiné le déploiement. La solution d'une turbine a même déjà été étudiée lors de la rénovation du réservoir de Denée en Condroz. Aujourd'hui, une piste encore plus économique semble sortir du lot : celle de data loggers intelligents, capables transmettre des informations beaucoup plus fréquentes sur le fonctionnement du site , tout en restant sur batterie.
- Côté grands ouvrages, seuls deux sites remplissent les conditions –très exigeantes– en matière de pression, de débit ou d'espace disponible nécessaires à la rentabilité de turbines génératrices. Les résultats de l'étude ont été transmis au processus Exploitation pour affiner l'analyse de leur potentiel.
En conclusion - Si le projet de turbines dans l'eau de nos canalisations ne verra pas le jour à court terme, il a permis :
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de mieux comprendre nos contraintes énergétiques sur le terrain et de poursuivre dans la voie d'une meilleure maîtrise de nos consommations électriques
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de stimuler la recherche d’alternatives, comme les dataloggers intelligents, pour améliorer notre télégestion.
Preuve que même un projet mis sur pause peut faire avancer la réflexion collective. Et ça, c'est déjà un joli succès.
Le bon réflexe à avoir - Chaque idée, même mise sur pause, peut en faire naître d’autres. Si, comme Michel, Luc, Daniel et Laurent, vous en avez une dont vous aimeriez mesurer les effets et la valeur. N'hésitez pas à la partager. Peut-être connaîtra-t-elle un heureux aboutissement ?