Pieton – Gilly – Farciennes : que sont devenus ces anciens sites ?
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En 2023, nous avons entamé une série d’articles évoquant d’anciens lieux de travail et de vie de la SWDE. Cette série a trouvé un prolongement dans O’Mag et, à ce jour, le destin de plusieurs de ces sites n’a été évoqué que dans notre magazine papier. Comme nous sommes conscients que tout le monde n’est pas un lecteur assidu du O’Mag, nous avons décidé de proposer ces contenus sur nous.swde. Embarquement immédiat dans la DeLorean SWDE vers la région de Charleroi…
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Les anciens bâtiments de la SWDEPiéton – rue Joseph Francq
De Tubize, nous filons plein sud vers Charleroi. Une halte s’impose à Piéton, un hameau situé à un saut de puce de Chapelle-lez-Herlaimont. Situé en bordure d’une nationale rectiligne et d’une petite route champêtre, notre ancien secteur de distribution, aujourd’hui dispersé, avait pris possession des vastes installations qui abritaient les ateliers Michelin dans les années 1980.
C’est maintenant les locaux d’entreposage d’une entreprise garde-meubles qui occupent toute la place.
Détail cocasse : ils ont conservé l’impressionnante pièce hydraulique qui trônait à l’entrée du site, témoin de notre passage. Ils l’ont simplement repeinte à leurs couleurs. La SWDE a quitté Piéton en 2016 alors qu’il avait été question, pendant tout un temps, d’accueillir un autre magasin central (en plus de celui de Herstal).
Ancien fontainier et aujourd’hui à l’accueil de Couillet, Thierry
a commencé à travailler à Piéton en 1993 : « Comme j’habitais à Lobbes, il me fallait moins de dix minutes pour m’y rendre. À l’époque, j’étais ouvrier terrassier. Il faut bien reconnaître que le travail était pénible. Nous ne disposions en fait d’aucune mini-pelle et tout se faisait à la pelle et à la pioche. Quand on creusait dans du béton monolithe, on le sentait passer. Au bout de quelques années, mon dos m’a dit stop et je me suis retrouvé au service de remplacement des compteurs. J’ai même été indexier
durant un an ».
De cette période, Thierry garde de très bons souvenirs. « Nous étions installés dans un ancien entrepôt de pneus qui possédait tout le confort souhaité : des bureaux fonctionnels, un vaste réfectoire bien aménagé, des douches et des vestiaires confortables, etc. Question travail, nous étions tous solidaires. Quand un collègue avait un petit coup de mou, les autres en faisaient un peu plus pour l’épargner. Et si une équipe avait terminé plus tôt, elle venait donner un coup de main aux autres pour clôturer la journée. On se voyait d’ailleurs souvent en dehors du travail… et on se voit encore de temps en temps ».
Au début des années 2000, une formidable tempête avait arraché le toit de l’entrepôt. La pluie s’engouffrait partout. Nous sommes tous restés sur place jusque tard dans la soirée pour mettre le matériel à l’abri et évacuer l’eau avec des raclettes. C’était une évidence pour nous!

Gilly – chaussée de Lodelinsart
En attendant la fin de la construction de l’actuel siège de Couillet (qui sera opérationnel en 2008), une partie du personnel de Pige au Croly a migré à Gilly, à l’adresse à laquelle nous nous rendons justement.
Il s’agit de l’ancien site administratif d’Aquasambre, l’intercommunale carolorégienne avec laquelle la SWDE a fusionné en 2006. Et la première impression à la vision de ce complexe occupé depuis lors par le département Travaux de la Ville, c’est la désolation.
Les bâtiments semblent avoir été abandonnés : stores décolorés et déchirés, planches de rives pourries ou manquantes, végétation sauvage, habillage de façade dégradé,… Et pourtant, il y a toujours de l’activité !
Pour l’occasion, nous avons trouvé le meilleur des guides en la personne de Jean-Loup, le collègue de Thierry à l’accueil à Couillet. « J’ai commencé à travailler sur ce site en 1988, comme agent administratif. À l’époque, les bâtiments étaient occupés par la Régie des Eaux de Charleroi. Il y avait en fait deux entrées diamétralement opposées. La première était située chaussée de Lodelinsart. Elle ouvrait sur les locaux techniques. L’autre, localisée rue de Warmonceau, permettait d’accéder aux bâtiments administratifs. Entre les deux se trouvaient les magasins ».
Jean-Loup ne garde pas un souvenir impérissable de cette période. C’est qu’à l’époque régnait sur ce petit monde un directeur inflexible, pour ne pas dire tyrannique. « Question ambiance, ce n’était pas très folichon. Et jusqu’à ce que ce directeur prenne sa pension en 1997, tous les collègues venaient travailler avec une boule au ventre… moi y compris ».
Un nouveau directeur a pris la succession et les choses ont, semble-t-il, changé du tout au tout. Ce directeur n’est pas un inconnu puisqu’il s’agit d’Eric Van Sevenant, l’actuel président de notre Comité de direction.
«Sa nomination en 1997 a été une véritable bouffée d’oxygène pour nous tous ! Très vite, il s’est intéressé au personnel. Je me souviens que pour son entrée en fonction, il avait organisé un barbecue géant dans la cour. Il voulait connaître tout le monde (la Régie des Eaux de Charleroi comptait ± 150 personnes) ».
Le nouveau directeur de la Régie des eaux de Charleroi a souhaité moderniser l’espace d’accueil pour les clients qui, à l’époque, se déplaçaient à Gilly en très grand nombre. Les guichets vitrés ont disparu au profit d’une salle d’attente et de bureaux aérés plus conviviaux.

À l’évocation de cet aménagement, Jean-Loup se remémore une anecdote amusante. Un client s’approche alors du guichet d’accueil Clientèle qu’il occupe en s’apitoyant sur le sort de notre collègue : « Je dois reconnaître que vous êtes dans un beau pétrin vous ! », dit-il en s’adressant à Jean-Loup. Inquiet, il lui demande pourquoi ! Le visiteur éclate alors de rire en expliquant qu’il avait été ouvrier aux boulangeries COOP, les anciens occupants du site de Gilly, et que le bureau d’accueil était situé à l’emplacement exact de l’ancien pétrin.
En 2000, la Régie des Eaux de Charleroi s’allie alors avec l’Association intercommunale des eaux du bassin de Charleroi (AIEBC) et donnent naissance à Aquasambre. Cette nouvelle entité existera pendant six ans jusqu’à la fusion avec la SWDE.
Farciennes – rue Sifride Demoulin
Notre road-trip en province du Hainaut s’achève à Farciennes. Nous rejoignons le site d’une autre intercommunale qui a également fusionné avec la SWDE en 2006 : l’AIE, l’Association Intercommunale pour l’Energie et l’Eau. Et là, surprise, à l’adresse qui nous avait été mentionnée, nous sommes face à une vaste friche naturelle qui s’étend sur des centaines de mètres en bordure d’une nationale et du chemin de fer. Sur cet espace redevenu sauvage, les massifs de saules, les ronces rebelles et les discrètes fleurs des champs apportent une étrange touche champêtre à cet univers industriel. Au premier regard, rien ne laisse supposer que ce terrain a abrité les bâtiments de notre site de Farciennes durant des décennies.
« La première fois que j’ai vu le site dans cet état, ça m’a foutu un sacré coup ! ». Pascal, le conseiller en prévention de Charleroi, a du mal à cacher son émotion : « C’est à l’AIE que j’ai commencé ma carrière. Cet ancien bâtiment des charbonnages avait été entièrement réhabilité, fin des années septante, pour accueillir tout le personnel de l’intercommunale ».
En 1994, l’AIE conclut une première collaboration avec la SWDE en lui abandonnant la gestion des sites de captage. Douze ans plus tard, l’incorporation est totale. Suite à la fusion, il est décidé que le personnel de terrain reste à Farciennes tandis le personnel administratif déménage à Gilly, sur l’ancien site d’Aquasambre.
Trois ans plus tard, en 2009, notre service IT – alors locataire de bureaux dans le zoning de Gosselies –s’installe à Farciennes.
« Il faut bien reconnaître qu’il y avait de la place et tout le confort nécessaire : le site conçu pour héberger une grosse centaine de personnes n’en abritait alors plus que la moitié : une trentaine de membres du personnel technique qui constituaient le secteur de distribution de Farciennes, la ligne hiérarchique et le service informatique ».
Du temps de l’intercommunale AIE, tout était fait sur place. Nous avions même une imprimerie pour produire nos documents administratifs.

Après la fusion, rien ne change vraiment pour les ex-travailleurs de l’AIE restés à Farciennes. L’ambiance familiale qui régnait sur le site a perduré. « Ça a été plus compliqué pour eux quand ils ont dû abandonner le site en 2013 ». Ils ont dû trouver un nouveau toit à Couillet où ils ont gonflé les équipes de Distribution déjà en place.
La trop grande vétusté des bâtiments (la charpente d’un toit menaçait de s’effondrer) a précipité ce déménagement…
Après le départ de la SWDE, le site de Farciennes a tout d’abord été repris par la commune. Il a été définitivement abandonné quelques années plus tard pour être entièrement rasé. Dans un proche avenir, l’extension du port autonome qui le jouxte devrait y voir le jour.
